Vous avez dit Arbeitjdsglaede ?

Et si les français n’étaient pas heureux au travail car ils n’avaient pas de mot pour le dire ?

Regardez les Danois, en tête du classement des pays les plus "heureux" selon le rapport 2016 sur le Bonheur mondial (World Happiness Report) , ils ont un mot, eux, dans leur langue. Un simple mot, qui veut tout dire : le « Arbeijdsglaede » (arbeijd : travail - glaede : joie). Les anglo-saxons ont 3 mots : « Happiness At Work ».

Et en France ? Et bien, c’est plus compliqué… (comme souvent en France non ?) Plusieurs terminologies varient suivant les entreprises :

  • Bien-être au travail : bien mais une légère ambiance « Spa-Yoga »
  • Bonheur au travail : un peu exagéré pour ma part, le Bonheur étant un ressenti plus fort que le Happiness
  • Qualité de vie au travail : pas mal… mais terme plus austère et initié davantage en prévention des risques psycho-sociaux

Pourquoi dans le monde du travail, dès qu’on parle de joie, de plaisir, d'humour, de jeu, de gentillesse, de bienveillance, de convivialité, on associe ces notions à des choses futiles, pas sérieuses, en un mot pas professionnelles.

L’une des valeurs de BLABLACAR est « Fun and Serious ». Ca donne envie non ? Et on y croit car cette valeur est réellement incarnée dans le quotidien de cette entreprise. Quand on pense que les valeurs de la société ENRON étaient « Intégrité, Respect, Communication et Excellence »…comment dire…

Culture digitale : Business and Happiness

Vive l'expansion de la culture digitale au sein des entreprises !

On nous dit que la nouvelle génération a un rapport au travail différent. De mon point de vue c'est parce qu'elle est "digital native" qu'elle a une autre conception du monde du travail. Les fondamentaux de la culture digitale sont l'horizontalité, la collaboration, l'immédiateté, la transparence, le partage, l'agilité, la confiance, le co-working, l'open, le ludique... Dans la culture digitale, on accepte les erreurs (souvent source de solutions), on donne de l'importance à l'environnement de travail, on encourage la créativité, la convivialité. De fait la notion de Happiness At Work apparait naturelle.

Nous sommes (presque) tous en quête de sens, de méthodes de travail plus participatives, d'organisations moins hiérarchiques, d'un management plus engageant et d’un environnement de travail moins austère non ?

Beaucoup d’articles sont parus ces derniers mois sur la remise en question du management traditionnel, sur les bienfaits de l’intelligence collective, sur la nécessité des grosses entreprises à attirer les jeunes talents et les garder... DRH, managers, coachs, psys, chercheurs se penchent sur le sujet. Les études et statistiques concluent toutes au même constat : un salarié heureux entraîne un cercle vertueux pour l’entreprise :

  • plus de motivation, plus de collaboration, plus d’engagement, plus de créativité, plus de loyauté, plus d’entre-aide, plus de performance, donc un gain pour l’entreprise
  • moins d’absentéisme, moins de stress, moins de maladies, moins de turn-over, donc des économies pour l’entreprise

Tour du monde du "Happiness At Work"...

J'ai participé au mois de juin dernier à une formation internationale à Copenhague sur le « Arbeidjsglade ».

Imaginez-vous 22 personnes de toutes nationalités (Canada, Malaisie, Inde, Suisse, Allemagne, Slovaquie, Belgique, Hong Kong, Hollande, France) formées par l'un des experts du "Happiness At Work", ayant travaillé avec des sociétés tels que Ikéa, Légo, Tata ou encore Microsoft. Quelle richesse !

Se plonger dans un tour du monde du « Happiness At Work » était un beau voyage. La découverte de tant de recherches sur ce sujet (souvent américaines), le partage d’expériences mutuelles et de nos différences culturelles sur le rapport au travail, les Best Practices internationales, l'enseignement du modèle danois etc. Cette formation était réjouissante et nous a tous conforté dans le fait que cette quête du bien-vivre en entreprise était possible et partagée de par le monde.

L'un des moments forts de ce séjour, fut la visite du département Assurance Retraite d’une grande banque suédoise basée à Copenhague. Ca faisait rêver... Nous avons été reçus par la Directrice Financière qui a partagé avec nous la philosophie de l'entreprise ainsi que les dispositifs très concrets mis en place depuis deux ans. Elle a mesuré très vite les impacts positifs de ces initiatives entrainant une plus grande efficacité/performance individuelle et collective ainsi qu'une meilleure ambiance de travail.

Evaluer ou ressentir ?

J’ai pu aussi découvrir grâce à cette formation les travaux de Barbara Frederickson, sur la Psychologie Positive ou encore Daniel Kahneman, professeur à Princeton, psychologue, Prix Nobel d’Economie en 2002, ayant fait des recherches sur l’Economie du Bonheur. Ce dernier nous livre un distinguo intéressant entre le "job's satisfaction" et le "happiness at work" :

  • Le " Job's Satisfaction" est évalué, il est réfléchi. On le pense.
  • Le "Happiness At Work" est lui expérimenté, il est plus émotionnel. On le vit.

Les enquêtes RH en France mesurent souvent la satisfaction au travail mais rarement le sentiment de « happiness" ou de "flow »(encore un terme intraduisible…décidément) ressenti. Heureusement de nouvelles applis commencent à voir le jour. Elles peuvent mesurer en temps réel le moral des salariés et/ou permettent un feedback immédiat entre collaborateurs et managers.

Commencer petit à petit... mais commencer

Alors non nous n'avons pas de mot précis pour nommer ce "Happiness at work", non la France n'est pas le Danemark, oui nous sommes une culture de râleurs, oui notre système éducatif ne nous apprend pas vraiment à travailler en groupe et nous ancre dans un système de compétition mais nous pouvons tous décider d'améliorer notre quotidien.

Une transformation douce peut s'opérer, commencer par des petites choses mais commencer. Vous avez réussi votre transformation numérique ? Bravo ! La transformation du bien-vivre en entreprise est beaucoup plus simple. Ce n'est pas une recette magique ni universelle. Chaque entreprise est un cas unique et nécessite des solutions adaptées pour faire émerger une meilleure ambiance de travail. Une seule condition cependant : une réelle volonté impulsée par le dirigeant.

Avoir envie de se sentir bien dans son travail et avec ses collègues, lieu où l’on passe le plus de temps après notre lit (pour ceux qui arrivent à dormir… ) ne devrait-il pas être une priorité ?

Et vous, dans votre entreprise, c'est comment ?

Tags: Relations sociales