Soyez assertive ! Soyez assertif !

Moi, je veux bien ! Mais ça veut dire quoi ?

Depuis quelques années maintenant, l’assertivité est un mot qui circule dans les couloirs des entreprises, particulièrement à l’étage des ressources humaines…

On l’entend aussi dans la bouche de certains managers avisés.

Mais pour le commun des mortels, l’assertivité demeure encore une notion incertaine.

Un collaborateur d’une entreprise me le confiait encore la semaine dernière. « Dans mon entretien annuel d’évaluation, on m’a dit que je devais faire preuve de plus d’assertivité dans ma façon de m’exprimer… Je n’ai pas compris ce que ça voulait dire. Je n’ai pas osé demander… »

Voilà un bel exemple de… manque d’assertivité !

À chaque fois que j’anime un séminaire sur l’assertivité, c’est pareil ! Au démarrage, au moment des attentes, plusieurs avouent avoir tapé le mot « assertivité » sur Google avant de venir en formation !

L’assertivité. Que met-on vraiment derrière ce terme ?

Certains croient bon de l’expliquer en disant que l’assertivité serait simplement la confiance en soi, l’assurance. Tous ces mots signifieraient donc exactement la même chose ?

Ce serait un peu réducteur. L’assertivité est une notion bien plus complexe.

Signalons pour commencer que ce mot est souvent absent des dictionnaires ! D’ailleurs, faites le test, tapez-le sur Word, le mot est surligné en rouge, comme pour bien nous rappeler que ce mot n’est pas de chez nous ! Il est la traduction littérale de l’américain « assertiveness » qui n’est pas récent puisqu’il apparaît dans la plume d’un psychologue new-yorkais en 1950. On a francisé le mot, ce qui ne facilite pas pour autant la compréhension du sens qu’il revêt. Au contraire, « assertivité » ne fait penser à rien d’autre. Plus lisible en anglais, pour le définir en français, il faut au minimum 5 termes différents ! Assumer. Respect. Réciprocité. Maîtrise. Positive.

Aventurons-nous à créer une phrase avec ces cinq mots… L’assertivité, ce serait le fait d’assumer ce qu’on est, ce qu’on fait et ce qu’on dit, dans le respect de sa propre personne et dans celui des autres, dans une relation de réciprocité, qui implique à la fois une bonne maitrise de soi et une intention de s’inscrire dans une démarche positive !

C’est pourtant simple. Non ?

Peut-être pas, finalement…

Aidons-nous d’exemples pour mieux comprendre ce qui se cache derrière ce comportement, car c’est avant tout cela l’assertivité : un comportement de communication.

Je fais la queue à l’aéroport pour enregistrer mes bagages. Les gens s’agglutinent les uns derrière les autres. Et puis soudain, un homme sorti d’on ne sait où, me dépasse… Plusieurs possibilités s’offrent à moi.

Je laisse tomber. J’ai bien vu qu’il ne respecte pas la file, qu’il s’octroie des droits supplémentaires par rapport aux autres. Et pourtant, je laisse faire. Autrement dit, je ne dis rien, je ne fais rien. Je trouve des bonnes raisons à mon silence et au fait de ne pas intervenir… « je ne vais pas m’énerver pour si peu », « de toutes façons, on prend le même avion, on arrivera en même temps ! ». Sous couvert d’une pseudo désinvolture, je fais en réalité preuve de « passivité ».

Autre réaction… Je pourrais me manifester et me manifester avec force et fracas. « Non mais Oh, vous vous croyez où ? La file, c’est pas pour les chiens ! Alors oust ! Derrière ! ».

Ah ça, c’est de l’assurance !

Vous êtes sûr ? N’y aurait-il pas un peu d’agressivité dans le ton et dans le propos ?

Et si vous aviez à faire à un personnage distrait, endormi (ce qui peut arriver parfois à 5 heures du matin…) et vous « l’engueulez » alors qu’il n’a peut-être pas fait exprès !

Et si je réagissais autrement ? Si je lui indiquais poliment mais néanmoins fermement que « ce serait beaucoup mieux de faire la queue, que des gens comme moi, attendent déjà depuis un bon moment et qu’il n’y a pas, a priori, de raisons pour qu’il passe devant nous… ».

On l’aura compris, faire preuve d’assertivité c’est souvent faire valoir ses droits tout en respectant ceux des autres.

Autrement dit, en n’étant ni « paillasson », comme dans le premier comportement passif, ni « hérisson » comme dans le second comportement agressif.

Remarquez bien autour de vous, dans la sphère professionnelle, on passe souvent d’une extrême à l’autre. Beaucoup d’individus n’osent pas dire les choses en face. Par exemple l’incapacité de réaliser une tâche dans le temps imparti, et ce, face à un interlocuteur interne ou externe. D’autres, probablement pour masquer leur embarras, voire leur manque de confiance en eux, se mettent à brailler pour un oui pour un non, semblant ne pas savoir s’exprimer autrement qu’avec le rouge aux joues !

Pourquoi est-ce si difficile d’adopter la posture médiane qu’est l’assertivité ?

Probablement parce que cette posture nous expose davantage aux autres (et donc à nous-mêmes !). Elle nous expose parce qu’elle nous amène à être tel que nous sommes. Autrement dit, à faire preuve d’authenticité. Dans un monde professionnel fait, comme on le sait, de faux-semblants, de postures artificielles et de jeux de pouvoir, il n’est pas toujours simple de dire ce qu’on a à dire, d’être soi.

Et pourtant, on a tout à y gagner ! Ceux qui font preuve d’assertivité se sentent beaucoup mieux. À chaque fois qu’ils s’expriment, ils se déchargent d’un fardeau, sans pour autant le faire porter aux autres. Ils ont le sentiment d’avoir réussi quelque chose. Faire preuve d’assertivité, ça fait du bien.

J’irai même plus loin.

Faire preuve d’assertivité, ça détend et ça déteint !

Souvent en adoptant un comportement assertif, en disant les choses avec honnêteté sans craindre le regard de l’Autre, on crée des relations plus saines et on optimise la communication interpersonnelle autour de soi.

Il est fréquent lors de séminaires que j’anime, de voir des participants revenir en témoignant ainsi : « j’ai fait preuve d’assertivité face à mon interlocuteur et il a complètement changé d’attitude ! », « cette personne était en colère, j’ai fait preuve d’assertivité, sa colère est immédiatement tombée ! ».

Pas de magie noire. Changez votre comportement et le comportement de ceux qui vous entourent changera !

Ne pas « s’écraser » et savoir s’imposer sans écraser les autres. Cela signifie qu’on ne s’inscrit dans aucun rapport de force. On fait preuve d’honnêteté en jouant franc jeu. On est dépourvu de quelque intention de nuire. Ce qu’on veut, c’est seulement être juste, fidèle à soi-même. On le fait dans une optique positive. On ne dit pas les choses pour se soulager, pour se faire plaisir. Nul égoïsme dans l’assertivité. On s’exprime avec authenticité parce qu’on sait qu’en agissant ainsi on va nourrir la relation, contribuer à avoir des liens plus sereins avec les autres et peut-être améliorer aussi les situations les plus complexes.

Car l’assertivité, c’est souvent le moyen de régler quelque chose, de trouver des solutions. C’est probablement en cela que ce comportement est essentiel dans la vie professionnelle.

Ne pas oser demander, ne pas oser contester, avoir du mal à faire du renforcement positif, avoir du mal à faire des critiques ou à les recevoir, ne pas dire ce qui nous gêne, ne pas avouer ce qui nous a blessé, ne pas exprimer à ses collègues ou à son manager des difficultés que l’on rencontre, ne pas oser dire non… La liste des situations où l’on manque d’assertivité dans la sphère professionnelle est longue. Très longue.

Mais peut-être qu’il ne tient qu’à nous qu’il en soit autrement ?

Peut-être que si chacun faisait l’effort de faire preuve d’assertivité et d’accepter avec bienveillance celle des autres, le climat dans les entreprises serait meilleur ?

Peut-être que l’assertivité est un pare-feu pour limiter ou éviter certains risques psychosociaux ? Peut-être enfin qu’avec des relations assertives et donc assainies, on trouverait plus de bonheur au travail…

Et le bonheur au travail, n’est-ce pas une des conditions fondamentales de la motivation des personnes et de leur productivité ?