L’heure est au piratage organisationnel. On ne prend pas ici le mot hacking dans son sens premier du piratage informatique pour faire un effet de manche, mais le terme me semblait approprié pour aborder la question des failles et des vulnérabilités de l’entreprise en son sein et non provenant de l’externe. Avec une double question en filigrane : comment transformer une intrusion non autorisée, ce hacking interne, en opportunité de mutation dans l’entreprise ? Comment profiter de toute cette richesse dont on dispose dans les organisations et dont le potentiel est littéralement sous-exploité ?


Prenons la mise en perspective du travail. Nous sortons à l’Institut Esprit Service d’un événement intitulé travailler en 2030, au sein duquel les questionnements sur le futur du travail ont résonné tout au long des débats. Il y a une problématique particulière qui deviendra incontournable sur les années à venir, celle de la place de l’entreprise dans son écosystème et plus particulièrement de sa capacité à perdurer ou à se réinventer pour continuer d’exister et de coexister avec ce foisonnement d’acteurs pluriels.

Pour y répondre, l’enjeu pour l’entreprise et les acteurs qui la composent est d’être prêt. Mais prêt à quoi dans un monde d’incertitudes et de rebondissements permanents. Or, quelques signaux voire rares certitudes semblent en tendance dessiner le monde du travail de demain.

Premier signal, la croissance à deux chiffres, on peut presque parler d’explosion, de la part du travail non salarié, et donc d’individus qui seront hors du terrain de jeu direct de l’entreprise. Aux Etats-Unis, 1 actif sur trois travaille déjà en free-lance, la France dépassant les 10 millions d’indépendants.

Deuxième signal, le vieillissement généralisé de la population mondiale impactant l’offre disponible de main d’œuvre et ses répercussions en termes de tensions à venir sur le marché du travail ; ainsi d’ici 2050 un adulte sur trois aurait plus de 65 ans dans la zone OCDE, et même 50 % en Espagne ou au Japon, ou encore 25% de la population en Chine. Les conséquences ne seront pas anodines en termes de sourcing, recrutement et fidélisation des meilleurs talents.

Troisième signal, en analysant les dernières études et sondages sortis depuis 2016, les attentes prioritaires des jeunes, adolescents et moins de vingt ans, pour choisir leur futur premier emploi changent fortement. Ils sont en recherche d’épanouissement, de contenu, de fierté, de potentiel d‘évolution, d’argent aussi que l’on balaie parfois trop rapidement. Dans tous les cas, la possibilité de se prendre en main et le pouvoir de façonner son propre parcours professionnel sont au cœur des attentes des futurs acteurs du monde du travail.

Dans ce contexte fortement balisé par l’intrusion des technologies et des nouvelles interactions entre humain et numérique, quels seraient les premiers signaux d’un hacking des organisations en marche ?

RESPONSABILISATION ou la facilitation sera donnée et encouragée même, aux collaborateurs de pouvoir prendre une décision en relative autonomie, en confiance, dans des organisations moins matricielles.

DESINTERMEDIATION ou la mise en place effective de chemins détournés, de circuits courts, la disparition de strates inutiles, la simplification des organigrammes et des organisations, et puis la fin du top-down.

DIVERSITES ou la fin des politiques d’entreprise fondées sur les CSP, les catégories, les âges, dans une volonté de brassage, de maillage, de pluralité, qui favorisent toutes les diversités. En quelque sorte, la prime à la crédibilité et non au statut.

Responsabilisation, désintermédiation et diversités, un beau programme pour une organisation en marche !

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