La réactivité : une exigence de professionnalisation

Parmi les vertus qui caractérisent le degré de performance d’un individu dans l’entreprise, la « réactivité » trouve une place de choix, même s’il n’est pas toujours aisé d’en discerner des révélateurs fiables, ni de faire état des comportements observables qui la manifestent sans ambiguïté.

La réactivité, par exemple, ne saurait se ramener à une gestion au coup par coup des urgences qui se présentent, au fur et à mesure où elles se présentent. Elle ne peut même pas se circonscrire à une rapidité de réaction ; même si c’en est une certaine partie, c’est loin d’être la plus importante.

La véritable réactivité suppose d’intégrer rapidement du nouveau à l’existant, certes, mais cela suppose – par définition – une certaine vision du futur et des plans d’actions ayant prévu des solutions de repli et de développement. Il s’agit, en fait, de « voir » rapidement comment une nouvelle demande s’inscrit dans la cohérence d’ensemble – ce qui suppose qu’elle existe et qu’on en garde une conscience très vive –, puis d’être capable de mettre une réponse en œuvre dans un délai performant.

En ceci, la réactivité ne saurait non plus s’apparenter à la pure improvisation. Loin de la soi-disant « créativité instantanée » ou de « l’innovation en temps réel » – qui n’ont d’existence que dans l’imaginaire ou dans le discours verbeux –, elle suppose de s’appuyer sur un champ de possibles qui ont déjà été pesés dans le cadre d’une élaboration stratégique. En ceci, la réactivité s’oppose totalement à la précipitation désordonnée de celui qui croit pallier son incompétence par de l’agitation visible.

En effet, il faut avoir envisagé rationnellement de multiples solutions ou orientations pour être capable de mettre en œuvre la plus adéquate en un temps réduit. Avoir adopté un choix parmi de véritables possibles ne supprime pas l’opportunité des autres choix étudiés : ils peuvent être activés à leur tour – en totalité ou en partie – si le besoin s’en fait sentir ou si l’évolution significative d’un environnement le rend nécessaire.

Nous ne pouvons changer quelque chose à une orientation que nous avons prise seulement si nous avons la conviction préalable qu’un tel changement est possible et que sa probabilité est non nulle. Aussi la réactivité est-t-elle une adaptation optimale d’un système déjà pensé, en vertu de pistes préparées à l’avance, de potentialités envisagées dans leur essentiel. Il ne reste plus alors qu’à en transcrire les modalités concrètes en un temps performant.

En définitive, la créativité est à la mesure de la qualité de la vision que l’on a et de sa déclinaison en plans d’actions rigoureux, mais à géométrie variable, en recomposant des « modules » pensés et préparés comme tels.

A ce titre, il est possible de dire que la réactivité est une vraie compétence et qu’elle repose sur un professionnalisme avéré.

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