Lorsque j’étais dernière année de formation initiale en RH, j’avais déjà remarqué que tout ce qui s’apparentait de près ou de loin aux relations sociales, ne galvanisait pas les foules chez mes congénères.

Il faut dire qu’alors :

  • Un les enseignements sur le sujet étaient poussiéreux et ou caricaturaux
  • Deux, on expliquait à qui voulait l’entendre, qu’une carrière RH ne pouvait se construire que sur des aspects de développement, et qu’une orientation « relations sociales » était assez ringarde…

Pour le passionné de la chose sociale que je suis, j’ai relevé deux incongruités notamment, que je ne m’explique toujours pas. Comment imaginer du développement RH sans développement collectif donc sans relation avec les relations collectives sociales, là, je bloque.

La ringardise ? combien de fois ai-je entendu dire que la prospérité économique mettrait un terme aux relations sociales d’antan, que les changements de générations y concourraient etc…. Et j’ai vu depuis, beaucoup de conflits violents mal gérés par défaut de professionnalisme, conflits nés d’une prospérité assortie de changements mal compris, mal vécus par exemple. Et sans exclusive.

Aussi quand j’ai entendu un Président candidat, puis après son élection sa ministre du Travail expliquer qu’une réforme ambitieuse allait donner aux relations sociales dans l’entreprise, toute la place qu’elles devaient avoir pour porter de grandes ambitions sociales et sociétales, je me suis pris à rêver.

Bon, l’acronyme CSE ne m’a pas fait rêver mais la volonté qui le portait oui ! Et c’est là que les choses commencent à se gâter.

Très rapidement, les syndicats manifestent leur opposition à la réforme, et aux modalités qui l’accompagnaient. Et très vite, le Gouvernement a écrit le droit nouveau, beaucoup trop vite sans doute pour que la pédagogie nécessaire à l’accompagnement d’une grande ambition trace son sillon.

Et très rapidement aussi, après un pchittt médiatique attaché aux manifestations publiques qui se sont essoufflées, tous se sont engouffrés dans le sujet SNCF !

Et le CSE , CEKOIDON ?

Ben en fait, sans aucune prétention d’avoir tout vu, tout lu, tout entendu sur le sujet, je ne sais pas. Des textes, il y en a et il y a pléthores de cabinets d’avocats, de cabinets conseils qui se font fort d’expliquer ces mêmes textes.

Mais, qui est ce qui va nous dire « cekoidon », à nous qui comme dirait le très célèbre Michel Chevalet devont définir « comment ça marche ? ». Eh ben jusqu’à présent, sœur Anne guette mais ne voit pas venir grand-chose.

A ma grande tristesse, j’ai lu après la parution des textes que d’aucuns opposaient une victoire du patronat à la défaite des syndicats ; il faut dire que c’est bien d’envisager des négociations en entreprise avec ce gagnant perdant comme postulat de départ ! ça facilite tellement les choses et ça ouvre vraiment un côté positif à la réflexion partagée ?

Et quand parmi les premiers grands accords signés, on voit un quotidien national qui illustre son reportage par un titre en page de couverture expliquant « tant de sièges sauvés, tant d’heures de délégations en plus » on ne peut qu’être désespéré par ce débat qui approche cette thématique par le petit bout de la lorgnette de la quantité sauvée, reprise ou je ne sais quoi d’autre, rien de glorieux en fait…

Quand je pense, que depuis que j’exerce j’ai toujours travaillé avec passion mes relations sociales, institutionnelles ou pas ; j’étais si fier en 2010 de rebaptiser ma fonction Directeur des Relations Humaines ….

Je n’ai cessé d’essayer d’en convaincre mes collègues, des équipes ; j’ai essayé de professer auprès de jeunes étudiants pour leur donner ce que je n’avais pas eu et faire en sorte, qu’ils puissent s’intéresser à ce sujet crucial. Avoir une vie sociale constructive dans l’entreprise, par beau ou gros temps change tout, nos voisins dans le monde économique qui l’ont compris en tirent bénéfice ; les dirigeants qui s’y refusent, et qui font de la relation sociale un accessoire, qui liquident les sujets « imposés » par la loi, qui encouragent les squatters en dissuadant des personnes de grande qualité d’e s’engager dans la vie sociale de l’entreprise. Les cyniques qui font croire que mais qui n’en font rien. Je suis toujours aussi convaincu, que peut être ma vie professionnelle n’y suffira pas pour que je le vois, mais qu’il y a une place pour un dialogue de qualité porteur dans l’entreprise.

Un côté naïf ? Peut-être; sincère, sûrement.

Alors je reviens sur mon « cekoidon » …je dois comme mes collègues de toutes les entreprises du pays (et on ne s’y bouscule pas) mettre en place un « machin » comme disait le General, alors même que moi, mais aussi mes interlocuteurs de l’autre côté de la table, nous n’avons comme champ de référence que celui posé depuis l’après-guerre et aménagé ensuite avec CE, CHSCT et DP pour faire simple.

Et avec ces références, un texte juridico juridique préseidant à la mise en place mais sans mode d’emploi, nous devons ensemble sortir du cadre ( qui n’existe plus ) et tout inventer….

Je vous le dis du fond du cœur, je tire mon chapeau et j’adresse par avance mes hommages à tous les négociateurs.

Je suis résolument optimiste, et je crois en la force des intelligences collectives qui se réunissent dans les prochains mois sur le sujet.

J’ai lu qu’au nom de l’ANDRH Mr Charlez avait été interviewé, je sens que je vais dévorer son propos.

Pourvu que nous gardions en tête qu’il était question d’une grande ambition pour le dialogue social en entreprise. Pourvu que nous n’éludions pas le sujet. Il faut du courage, de l’imagination, certainement de l’audace.

Rien, non rien, à ce jour, ne m’explique « comment ça marche », navré Michel….

Alors nous allons essayer, nous sommes nombreux RH, à y croire, et nous souhaitons créer, innover, faire bouger ce dialogue un peu ankylosé, faire que les jeunes qui rejoignent l’entreprise ne boudent plus la chose sociale qu’ils soient élus, ou simples électeurs potentiels. J’ai entendu Mr Berger parler il y a peu de risque de mort, je ne sais pas, mais ce dont j’ai tristement l’impression c’est d’avoir manqué l’enterrement. Où est ma boite à outil ? chère à notre ex président ; et où est l’ambition ?

Bon je termine souvent mes billets d’humeur par des citations. Aujourd’hui je reprendrai ST EX :

« L'avenir n'est jamais que du présent à mettre en ordre. Tu n'as pas à le prévoir, mais à le permettre ».

Je vais faire ce que je peux ! promis ! Pour le dialogue social, pour l’entreprise et ses salariés !

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