NDLR : Ce titre est celui du dernier livre de Maurice Thévenet. Il a écrit pour RH info une chronique par mois depuis novembre 2000 ; si bien qu’en juin 2017 nous avons eu le plaisir et la fierté de publier la 200ème ! Nous avons demandé à Maurice de tirer de ces chroniques un itinéraire managérial… qui se révèle d’une éclairante actualité, avec ces 40 valeurs. Il nous livre ainsi un sésame à la fois profond et d’une grande utilité ! Nous reproduisons ici un extrait du texte avec lequel il a lui-même introduit cet ouvrage.


Dans un domaine, celui des entreprises et du management, où on a l’impression d’une nouvelle révolution à chaque rentrée, 17 ans constituent quasiment le temps d’une ère géologique. Au moment de la première chronique, on se demande encore qui a gagné aux Etats-Unis, de George W. Bush ou d’Al Gore qui tel qu’Hillary Clinton seize ans plus tard, sera battu malgré un plus grand nombre de voix. En novembre 2000 on parle de Nouvelle Economie, on n’imagine pas encore la destruction des Twin Towers et le jour même de la sortie du premier texte, Lionel Jospin et Jacques Chirac voyaient leur cote de popularité remonter : on n’en était pas encore au « dégagisme ». Dans chacun de ces quarante textes dont la date de parution figure en note de bas de page, les observateurs du temps qui passe remarqueront les références à l’actualité du moment, le vocabulaire très vite daté, les surprises qui n’auraient pas dû en être mais aussi tout ce qui n’est pas dit parce que l’auteur n’avait pas su déceler dans tel événement son potentiel de disruption.

Cependant le lecteur sera étonné aussi par des constantes, des remarques déjà vraies et encore pertinentes. Premièrement, c’est toujours le même auteur, un professeur de Management vintage, c’est-à-dire consacré continûment au fil de ces années à trois activités. La première consiste à enseigner, à permettre aux autres d’apprendre plutôt que de leur transmettre du savoir. La deuxième activité conduit à demeurer en permanence au contact de la réalité du management auprès de managers ou d’institutions dans le cadre d’activités diverses de formation, d’études, de recherches, de conseils ou simplement d’observation curieuse et intéressée. La troisième activité, c’est prendre le temps de l’écriture sur ces rencontres et ce contact avec la réalité.

Deuxième constante, le lecteur retrouvera au fil des chroniques des mentions aux problèmes de transformation, à l’impératif de l’innovation, aux problèmes de structures, et aux difficultés managériales concrètes rencontrées. N’est-ce pas le signe que le management, quelles que soient les époques, est confronté, dans des situations économiques et avec des outils différents, aux mêmes problèmes.

Troisièmement, le lecteur aura le sentiment de répétition. C’est l’art de la pédagogie certes, une manie de l’auteur sans doute, mais aussi peut-être le signe que le management, comme la vie finalement, est un domaine de constantes. Pour n’en citer que quelques-unes, on ne soulignera jamais assez l’importance de la raison d’être des institutions et donc de la mission managériale, son souci d’influencer des comportements, la difficulté permanente de collaborer avec d’autres bipèdes non choisis et l’impératif de l’engagement personnel du manager malgré les affres de la fonction.

Enfin, le lecteur trouvera dans ces textes le même auteur, si jamais c’est vraiment le même en 17 ans. Dans la manière d’aborder les questions managériales, trois convictions s’expriment involontairement mais avec persévérance. La première, c’est l’affection et l’admiration pour les managers, ceux qui assument cette mission indispensable dans toutes les activités humaines même si elle n’est pas toujours gratifiante et gratifiée. N’oublions jamais cependant que beaucoup ont su goûter le plaisir discret, la satisfaction intrinsèque d’avoir pu influer sur le développement et la croissance des autres. Dans quelques décennies, campés dans votre chaise roulante en mâchant votre compote, c’est ce genre de satisfactions qui aideront à vivre plutôt que les résultats du dernier trimestre de 2017.

La deuxième conviction, c’est que le management s’apprend et nécessite des théories pour ce faire. L’étymologie grecque de « théorie » se situe dans un verbe signifiant « contempler », faire l’effort du regard. Apprendre le management, c’est apprendre à regarder. La plus grande difficulté du management, comme de toutes les choses humaines, c’est de paraître simples : on a tous l’impression de comprendre car on sait tous interpréter ce que l’on voit et ce que l’on rencontre. Si on comprend, pourquoi faudrait-il faire l’effort d’apprendre ? La conviction ici, c’est qu’on n’a jamais fini de faire l’effort d’élucider le mystère des personnes et de leurs comportements ; il n’est de pire danger que de croire comprendre. Mieux encore, cette récente science managériale ne peut que s’enrichir à regarder avec respect plutôt que dédain, les autres sciences humaines, et pas seulement celles des deux derniers siècles, pour chercher une inspiration toujours bienvenue.

La troisième conviction, c’est que le manager parfait n’existe pas plus que le parfait parent. Mais il peut toujours s’améliorer, travailler sur ses pratiques, être plus conscient et plus pertinent. Cela vient généralement avec l’âge pour la plupart d’entre nous mais l’apprentissage du management permet simplement de mûrir plus vite, d’accélérer le processus, d’assumer cette mission de manière plus juste : c’est justement à cela que servent les valeurs.

Parcourir ces 40 valeurs est une ressource pour ce processus d’apprentissage. Ces textes ne donnent pas que des pistes de réflexion ou une vision arrêtée et esthétique du management. Ce sont aussi des ouvertures proposées à chacun pour avancer dans une meilleure maîtrise de ses rôles liés au management.


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