Pourquoi le Certificat CléA doit-il bénéficier d’une meilleure connaissance et être adopté plus largement par les entreprises ?

Petit rappel historique de l’interview de Monsieur Macron, alors Ministre de l’Economie, en Septembre 2014, après sa visite des Abattoirs Gad en Bretagne, menacés de fermeture : "Dans les sociétés dans mes dossiers, il y a la société Gad : il y a dans cet abattoir une majorité de femmes, il y en a qui sont pour beaucoup illettrées ! On leur explique qu'elles n’ont plus d’avenir à Gad et qu’elles doivent aller travailler à 60 km ! Ces gens n'ont pas le permis ! On va leur dire quoi ? Il faut payer 1.500 euros et attendre un an ? Voilà, ça ce sont des réformes du quotidien, qui créent de la mobilité, de l'activité !", avait-il déclaré à l’époque.

Cette interview, qui avait créé le tollé au sein de la classe politique et dans les médias, était pourtant révélatrice d’une situation que beaucoup de Responsables des Ressources Humaines connaissent. Il y a, en effet, dans de nombreuses entreprises françaises, des personnes qui ont quitté le système scolaire très tôt, sans diplôme, et qui depuis des années, réalisent les mêmes tâches et ne se forment pas (ou ne sont pas formées) dans la perspective de l’évolution de leur poste de travail. Leurs connaissances de base, pour nombre d’entre elles, se sont volatilisées. Responsabilité de l’entreprise ou des salariés ? Certains dirigeants considèrent que ce n’est pas à l’entreprise de combler les déficits de l’Education Nationale, et que ce n’est pas à eux qu’incombe le poids de la remise à niveau des connaissances fondamentales. D’autres, dont le nombre est croissant, s’engagent, souvent au nom de la Responsabilité Sociale et Environnementale de leur entreprise, dans un plan d’action de formation permettant l’évolution des salariés et leur employabilité.

C’est pour répondre au défi posé par la situation des salariés sortis du système éducatif sans diplôme qu’a été créé le Certificat CléA en 2014. S’appuyant sur une directive européenne qui listait les savoirs fondamentaux que tout salarié travaillant en Europe doit maîtriser, le CléA reconnait la compétence des salariés dans 7 domaines : s’exprimer en Français, calculer, utiliser un ordinateur, respecter les règles et travailler en équipe, travailler seul et prendre des initiatives, avoir envie d’apprendre tout au long de sa vie, et maîtriser les règles de base en matière d’hygiène et de sécurité.

Conscient de ce problème d’illettrisme, les abattoirs Gad s’étaient penchés dès 2010 sur cette question, en proposant à des salariés volontaires une formation qui s’appelait à l’époque "Maîtrise des savoirs fondamentaux". Pendant plus de quatre mois, les salariés volontaires avaient suivi cette formation prodiguéepar un organisme de formation continue du Pays de Ploërmel, comme le racontait Ouest France en avril 2014. Cela n’avait malheureusement pas empêché le drame social, mais permis à quelques-uns de se reclasser plus facilement.

Le dispositif CléA, qui n’est pas encore très connu, est finançable au titre du Compte Personnel de Formation. Il est une réponse au besoin d’accroissement des compétences dans une perspective d’augmentation régulière des qualifications. Il permet de gagner en productivité, de mieux aborder les changements…et de mieux satisfaire les clients, par une communication mieux maîtrisée. Il est enfin pour de nombreux salariés un moyen de faire reconnaître leurs compétences, de retrouver confiance en eux, et respect de leurs collègues et managers. Et d’envisager leur avenir professionnel (et personnel) sous un nouvel angle !

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