Les managers sont confrontés tôt ou tard à cette question angoissante : ai-je besoin d’affirmer ou de réaffirmer mon autorité ? Disons le tout net : c’est un mauvais signe ; car nous n’avons besoin d’affirmer que ce qui est mis, remis en cause.
Et pour (ré)affirmer notre autorité, nous passons alors dans… l’autoritarisme ! Nous interprétons la moindre contradiction d’un collaborateur comme de l’insubordination ; et l’arbitraire reprend ses droits, jamais assouvis. Mais l’autoritaire n’a plus d’autorité, si l’on y réfléchit bien. C’est pourquoi il ne peut mouvoir ses semblables qu’en recourant au jeu dangereux des menaces et des promesses.
En effet, l'autorité se définit comme le droit ou le pouvoir de commander, de se faire obéir sans recours à la contrainte physique ou morale. L’origine du terme « autorité » est très instructive, ouvrant sur des considérations très positives : il est issu du latin "auctor", dérivé de augere : celui qui accroît, qui augmente, amplifie, d'où la notion de créateur, fondateur, auteur.
Ainsi, le non recours à la contrainte souligne le caractère psychique de l'autorité : la confiance. Si nous acceptons de retenir toute cette richesse du mot, nous introduisons dans l'exercice de l'autorité une dimension différente. Ce n'est plus le commandement et l'obéissance qui sont au premier plan, mais le fait que l'ordre ou la référence donnés dépasse, dans la perspective d'une œuvre commune, celui qui les donne ou celui qui les reçoit : le premier commande au nom d'autre chose que de lui-même (de son pouvoir, de son gré, de son humeur, etc.); et il en est de même pour celui qui reçoit, qui obéit au nom d'autre chose que de la seule soumission ou subordination : ils sont partenaires au service d’une cause commune.
Cette notion de partenariat implique que celui qui commande n'est pas "supérieur" à celui qui obéit, mais reste son égal dans la perspective d'une finalité que tous deux doivent connaître et dont tous deux auront à répondre, chacun dans le domaine qui lui est propre. C'est une des conditions qui nous paraît nécessaire pour que l'autorité soit comprise, acceptée et devienne ainsi fructueuse. Même le terme de commandement retrouve alors son étymologie et son sens plénier : c’est le fait de « confier » quelque chose à quelqu’un. A méditer !
Comme le disait André Malraux : « être roi est idiot. Ce qui compte, c’est de faire un royaume ».
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