Pendant le mois d'août, nous publions à nouveau quelques-uns des textes les plus lus de l'année.


L’open-space, qui date des années 1950, s’est popularisé en Grande Bretagne et développé en France depuis ces 15 dernières années.

De la bonne idée... à la dérive

L’idée de ses concepteurs était noble au départ puisqu’ils désiraient rendre les locaux plus agréables et favoriser les relations sociales. L’objet en a été complétement dévoyé puisque l’open-space permet avant tout de gagner des mètres carrés de bureaux et donc de faire des économies. Les petits génies de la stratégie ont donc fait leur calcul et sont parvenus à identifier un gain financier important en réduisant parfois la superficie des locaux de 20 à 30%.

Là où les concepteurs pensaient rendre ces ilots plus conviviaux, avec des plantes vertes et un maximum de 10 personnes, on se retrouve avec de gigantesques plateaux de téléopérateurs, d’employés vite stressés par ces nouvelles conditions de travail.

Une avancée... vers un retour en arrière

Certains me diront que c’était “avant”, et que désormais nous sommes à l’ère de la working-place où tout est bien mieux agencé et pensé.

Une amie qui travaille dans la banque m’a fait penser le contraire par son récent témoignage : ils sont eux aussi passés en open space ; mais ce qui est génial c’est qu’ils ont aussi changé l’emplacement des toilettes, qui sont désormais visibles de tous ! Le manager, placé dans une position éminemment stratégique, voit donc qui se rend aux toilettes, combien de fois par jour, pour un total de combien de temps… Sans parler de ceux qui ont leur espace à proximité et assistent au défilé scabreux toute la journée. Allez faire un tour dans un open space et vous aurez l’impression d’être transporté dans les années 1930 et les usines ford avec le contremaitre ayant une vue magnifique sur l’ensemble des ouvriers. L’open space est une néo taylorisation qui n’a aucun sens à moyen et long terme de par son coût social exorbitant.

L’open space, c’est l’impossibilité de travailler de manière concentrée, assaillis par tous les bruits des claviers, des conversations entre collègues ou au téléphone, des réunions qui s’éternisent sur le coin d’une table … Morale de l’histoire : on retrouve un grand nombre de salariés avec des casques sur la tête ; et les dernières études montrent que le nombre d’emails et utilisation de la messagerie instantanée ont bondi avec ce type d’organisation des locaux.

L’expérience salariée sacrifiée

L’open-space c’est la mort de l’expérience salariée, la montée de l’absentéisme et du nombre de jours d’arrêts maladie. Pour une réduction du coût des locaux, on sacrifie la qualité de vie au travail.

Comment parler de l’expérience salariée et nier les effets délétères de ces open-spaces. Nous sommes proches de la maltraitance salariale avec ces petits espaces séparés par des cloisons phonique donnant l’impression de travailler dans une succession de cabines téléphoniques des années 1960 dans les bureaux de poste.

Certains dirigeants, frappés de modernité, commencent à s’en rendre compte et proposent même timidement... du télétravail ! Mais ce n’est qu’une solution de contournement et non une stratégie mettant en avant l’expérience salariée.

Imaginer des solutions d’aujourd’hui, pas d’hier !

Il est vital d’imaginer avec les différentes parties prenantes, salariés, managers, responsables syndicaux, ergonomes, CES… les espaces de travail qui permettent de retrouver du plaisir et de l’efficacité tout en cherchant à diminuer le budget global. Mais attention : ce dernier doit aussi prendre en compte le coût de l’absentéisme et du désengagement et pas uniquement le coût du mètre carré !

L’open space appartient au XXème siècle et il est grand temps d’associer la transformation des modes et espace de travail à la transformation numérique !