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Une des dernières études ADP, The Workforce View in Europe in 2019, a étudié les comportements et l’état d’esprit des salariés face au monde du travail actuel ainsi que leurs attentes vis à vis de leur environnement de travail futur. Je ne saurais trop vous conseiller de la télécharger, car les résultats de l’étude ont apporté de nombreuses informations sur des problématiques métiers essentielles, comme l’optimisme des salariés, les menaces dans l’entreprise, les nouvelles méthodes de travail ou encore la discrimination. Il s’agit bien de concilier optimisme et incertitude.

Nous avons voulu nous faire une idée plus ciblée sur la perception que le secteur des Ressources Humaines se faisait de certaines de ces problématiques clés. RH info a donc mené sa propre enquête, à laquelle 486 personnes ont répondu, dont près des deux tiers travaillent directement dans les RH.


Résultats et interprétation de l’enquête RH info

1) Lorsqu’on interroge les participants sur le stress ressenti, nous retrouvons à peu près les moyennes des autres études. Ils ne sont que 11,1 % à « ne ressentir aucun stress de manière significative », et près de 40 % « parfois au cours de l’année », ce qui reste tout de même encourageant et atteste d’un niveau de stress faible pour la moitié des salariés répondants. En revanche, l’autre moitié est plus impactée : 18,7 % disent ressentir du stress « tous les mois » et 30,2 % « toutes les semaines ». Si l’on peut penser qu’il est normal de se confronter au syndrome général d’adaptation quelques fois au cours d’une année – en raison d’une difficulté, d’un coup de collier ou d’un changement de situation –, cela devient plus critique lorsqu’on passe au-dessus des 12 fois par ans… à 52 fois et plus ! La perception du travail en est inévitablement affectée et a sans doute du mal à demeurer très positive. Prendre conscience que cela touche presque un salarié sur deux devrait nous interroger.

2) D’autant que lorsqu’on parle de “bien-être au travail”, 22,6 % estiment que leur entreprise ne s’y intéresse « pas du tout » et 55,6% uniquement « de manière superficielle » ! Sic ! Seuls 21,8 % se déclarent satisfaits de l’intérêt de leur entreprise pour ce sujet. L’écrasante majorité des salariés répondants pensent donc que le bien-être au travail, nonobstant la forte actualité de la QVT, n’est pas un vrai sujet pour leur entreprise ! Rappelons que les deux tiers d’entre eux exercent dans les RH… Ceci me semble significatif.

3) Résultat des courses : 58 % des répondants n’envisagent pas de rester dans leur entreprise plus de 3 ans… dont la moitié (30 % des répondants) pas plus d’un an ! 15% se voient partir dans les 3 à 5 ans et ils ne sont que 26,5 % à souhaiter y rester « autant que possible ». Voilà qui pose tout de même un sérieux problème de gestion des talents, n’est-ce pas ? A noter, en facteur supplémentaire, que près de 30% de répondants seraient « prêt à quitter leur entreprise en cas d’écarts de salaire flagrants entre femmes et hommes », et que 40 % en envisageraient la possibilité. Ce sont donc désormais aussi les entreprises qui se trouvent mises sous pression !

4) Maintenant, ce que les salariés répondants veulent en majorité, c’est changer d’entreprise pour trouver une meilleure situation. Seuls 16 % en effet pensent sérieusement à opter pour le freelance ; sans doute l’attrait pour ce “rêve individuel” a-t-il pris ces toutes dernières années du plomb dans l’aile, en prenant conscience que la charge de travail et le niveau de stress n’y étaient pas moindre, parfois bien au contraire, comme l’a montré une étude de Kicklox d’octobre 2019. Toujours est-il que 46,9 % des répondants ne l’envisagent « pas du tout », même si 37 % y laissent la porte ouverte comme une « possibilité ».

5) La charge de travail croissante semble bien en effet être une tendance assez générale. Près de 80 % des répondants déclarent effectuer des heures supplémentaires non rémunérées : 40,9 % estiment qu’ils travaillent plus de 5 heures en plus chaque semaine. Là encore, il est difficile de ne pas s’interroger sur le souci que les entreprises ont de la Qualité de Vie au Travail de leurs salariés. Le problème est que cela finit par affecter la nature même de la notion de relation contractuelle et fait écho à la tendance d’infidélité que nous évoquions au point 3 : 58 % des répondants n’envisagent pas de rester dans leur entreprise plus de 3 ans… dont la moitié (30 % des répondants) pas plus d’un an.

6) L’équilibre vie privée / vie professionnelle semble bien être une motivation importante dans la considération du travail, puisque 58,4 % des répondants choisiraient d’adopter une semaine de 4 jours « en allongeant les journées pour un salaire égal » ; et 14,6 % accepteraient pour cela « un salaire moindre » à condition de ne pas allonger les journées. 27 % seulement souhaitent maintenir le rythme actuel de 5 jours.

7) En revanche, la crainte de l’automatisation des tâches ne semble pas vraiment à l’ordre du jour. A la question « Pensez-vous que tout ou partie de vos tâches seront remplacées à l’avenir par un robot ? », 55,1 % ne voient pas cette hypothèse se réaliser avant 10 ans ; 19,8 % pas avant 6 ans et 13, 8 % pas avant 3 ans. Il n’y a donc là, manifestement, aucun lien avec un départ envisagé de l’entreprise. Seuls 11,3 % pensent qu’ils pourraient être concernés par le problème dans les 3 ans qui viennent. Le hiatus qu’il y a entre ces résultats et l’ensemble de ce qui se dit et se développe sur le sujet est frappant ; d’autant que la réalité de l’accélération de l’automatisation est bien présente dans plusieurs secteurs de l’industrie, et même du secteur tertiaire. La population RH se croit-elle davantage à l’abris compte tenu de la nature de sa fonction ? En tous les cas tel semble bien être l’avis des répondants à notre enquête !

8) Ultime paradoxe des réponses recueillies : deux tiers des répondants sont « très » (15,2 %) ou « assez » (50,8 %) « optimistes sur l’avenir de leur travail ». Comment interpréter ce paradoxe, en tenant compte des appréciations globalement négatives – ou tout au moins problématiques – portées sur leur rapport à l’entreprise ? L’hypothèse que je fais, en intégrant tout ce que je lis, vois et constate par ailleurs, est la suivante : c’est que la notion de « travail » subit une dichotomie entre le salarié et l’individu. L’individu ne se reconnait plus dans le salarié. Les individus, en grande majorité, aiment leur travail, mais les salariés ne se sentent pas reconnus comme tels. Autrement dit :

  • Si on leur parle de “leur” travail, ils sont plutôt optimistes.
  • Si on leur parle “du travail dans l’entreprise”, ils sont plutôt critiques.

Si bien qu’ils conçoivent volontiers “l’avenir de leur travail” assez indépendamment de l’entreprise dans laquelle ils exercent pour lors. Ce qui corrobore bien les résultats mentionnés dans les points précédents de cet article. La tendance dans certains secteurs est avérée, ainsi que l’évoquait cet article : « Candidats et employeurs aujourd’hui : mais qui recrute qui ? ». Le développement des problématiques de Marque-Employeur ne nous parle d’ailleurs pas d’autre chose.

A bien noter que ceci ne se pose réellement que pour ceux qui ont cette marge de manœuvre, ce qui est loin d’être le cas pour nombre de salariés !

Mais pour tous, la question de fond qui reste à traiter est la suivante : « Pourquoi travaillons-nous ? » C’est pourquoi nous avons choisi d’approfondir ainsi notre réflexion en recueillant votre avis dans notre prochaine enquête. Il y a parfois loin de la perception d’un état de fait… au questionnement sur la raison d’être du travail.


Poursuivez cette réflexion avec nous en participant à cette nouvelle enquête : « Pourquoi travaillons-nous ». Nous vous en restituerons les résultats avec le plus grand intérêt !

Pour participer, cliquez ICI.


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