Il vous vrille les nerfs. Elle vous fait grincer des dents. Voyons la réalité en face : il y a de la friture sur la ligne.

Il (ou elle) vous saoule, vous agace, vous navre, vous stresse, vous déplait fort, vous insupporte, vous irrite, vous donne de l'urticaire, vous rend marteau, zinzin, azimuté... Voilà ! C'est dit ! Ouf ! On se sent mieux d'avoir crevé l'abcès !

Mais ... vider son sac le soir venu devant son siamois adoré ... ça n'aide pas beaucoup ! Car demain matin ... l'objet de notre désamour sera toujours là ! Alors que faire ?

1/ Sortir du statu quo et s'engager à améliorer la situation :

Soyons francs : au taf ou ailleurs, chacun s'observe, se compare et parfois ... se critique.

C'est instinctif et inévitable : nous avons besoin d'évaluer notre environnement pour nous adapter. Mais cela devient pathologique quand nous bloquons en « fixettes » sur une personne, au point que les interactions deviennent difficiles. Nous pouvons alors dévier d'un comportement vaguement compétitif à un autre ouvertement hostile, avec évitements ou confrontations à la clé.

Au pire, cette situation peut engendrer une mauvaise dynamique de groupe et dériver très sérieusement. Sans grossir le trait, c'est ainsi que s'enclenchent les phénomènes de harcèlement, individuel ou collectif. Il est donc utile d'être vigilant, même si les conséquences sont à ce stade « uniquement » du stress, du désengagement, une humeur maussade et un état d'esprit négatif. C'est déjà beaucoup ! C'est déjà trop ! Vous êtes typiquement dans un climat tueur de collaboration et d'efficacité ! Il est temps de résister aux « passions tristes » et de prendre le taureau par les cornes !

2/ Adopter une posture de croissance.

Cette situation à résoudre est une formidable occasion pour analyser et améliorer vos pratiques professionnelles, et ... prendre un avantage concurrentiel (si vous me permettez cette vision utilitariste). Vous allez progresser dans votre capacité à communiquer et à collaborer positivement : c'est une aptitude indémodable et universelle ! C'est un booster de potentiel, de capabilité, d'employabilité, une compétence douce très demandée par les recruteurs. Cette nouvelle habileté vous servira durant toute votre carrière et dans votre vie privée aussi, bien entendu.

Adaptabilité, curiosité, empathie, réflexivité ... vous allez augmenter vos savoir-faire et savoir-être ! En avant pour un atelier grandeur nature !

3/ Définir le problème : Qui, Quoi, Pourquoi ?

Qu'est-ce qui vous gêne au fond ? Est-ce une attitude générale, un style, quelque chose d'insaisissable ?

Dans ce cas, un peu d'introspection à froid pourrait vous aider à calmer le jeu. Votre collègue n'est pas responsable de l'impression qu'il vous fait ! Est-ce une projection, une interprétation abusive, un fantôme du passé, un pur a priori ... bref cette image que vous avez de lui, vous pouvez sans doute l'ajuster afin qu'elle corresponde mieux à la réalité.

Est-ce, au contraire, un comportement précis qui vous dérange ? Votre inconfort est-il d'ordre moral, éthique ou bien totalement organisationnel ?

Si l'un de vos collègues arrive régulièrement en retard aux réunions, vos valeurs reliées à la politesse peuvent être heurtées. Vous pouvez aussi regretter une perte d'efficacité, ou ressentir un sentiment d'injustice si, de votre côté, vous mettez un point d'honneur à « toujours-tout-faire-tout-bien ». Qui est concerné en fait ?

Posez la situation noir sur blanc, de manière factuelle, mesurable.

4/ Essayer de connaître et comprendre l'autre.

Soyez curieux de ce que vit votre interlocuteur, de sa situation personnelle, des éléments qui l'entourent.

Que savez-vous de ce qui se trame en coulisses, hors de votre regard ? De ses contraintes, de son contexte personnel, familial ... et même ... que savez-vous de sa santé ?

Avez-vous pensé à lui poser des questions (ouvertes et bienveillantes) ou à vous renseigner discrètement ? Pouvez-vous, au moins, lui accorder le bénéfice du doute et ne pas lui faire des procès d'intention ? Ne pas imaginer que son comportement est délibéré et/ou désinvolte ?

Un collègue débordé peut souffrir de l'absence d'un collaborateur important, un « serial-telephoneur » être soutien de famille ... que sais-je encore ? A l'extrême, nombres de formateurs ou d'enseignants ont découvert des apprenants dormant dans leur voiture.

5/ Viser l'empathie et la bienveillance.

Si vous ne trouvez aucune cause extérieure apparente, de nature à créer une contrainte (ce qui n'est pas la preuve qu'il n'y en a pas), cherchez à comprendre pourquoi cette personne se comporte de cette façon. Quel besoin cherche t-elle à combler avec ces actions ? Quelles émotions ressent-elle ? Quel est son cadre de pensées, ses croyances, ses motivations ?

Besoin de reconnaissance, de liberté, de compétence, de connexion, de sécurité ...

Etes-vous, vous-même, immunisé contre la tyrannie de vos propres besoins ? Ne vous arrive t-il pas, parfois, d'agir d'une manière dont vous n'êtes pas forcément très fier(e). N'êtes-vous pas aussi, de temps en temps, comme nous tous, « victime » de vos croyances ou de vos émotions ?

La condition humaine est universelle. Nous sommes tous imparfaits. Pouvez-vous vous souvenir d'un épisode où vous avez fait approximativement la même chose : combler vos besoins d'une manière maladroite ? Quelles sont vos propres failles et vos talons d'Achille ? Cela vous amène t-il a plus d'indulgence envers les autres ? Et si ce n'est pas le cas, serait-ce le bon moment pour apprendre à la fois la bienveillance et l'auto-bienveillance ?

6/ Se situer dans le tableau.

Les relations sont des jeux qui se jouent à deux. Connaissez-vous l'image que vous donnez de vous-même ? Et si cette impression expliquait en partie le comportement de votre entourage ? Si vous ne l'avez jamais fait, vous interroger sur votre style pourrait vous ouvrir les yeux ! Dans mon livre « Affirmez-vous en douceur », je propose une démarche de demande puis d'analyse de feedback qui peut tout changer à votre capacité à communiquer et donc, à votre positionnement professionnel. L'exercice est parfois déconcertant, voir rude, mais salutaire ! Notre propre point de vue a trop d'angles morts, il est imparfait. Nous ne pouvons pas nous permettre de supposer ou d'essayer de deviner : il faut savoir. Car la manière dont les autres nous perçoivent conditionne la relation, et plus largement, notre réussite.

7/ Trouver un point commun.

Il est plus facile d'avoir de la sympathie pour une personne qui nous ressemble. Partez à la recherche de ce qui vous rapproche : parcours scolaire, racines géographiques, passions, hobbys, valeurs, objectifs professionnels, vie de famille ... Pour cela observez les indices, explorez avec tact, révélez-vous un peu aussi et ... é-cou-tez ! Surtout, évitez d'être trop affirmatif et péremptoire : n'imposez pas vos vérités et votre vision du monde. Laissez de la place à l'autre. Montrez vous curieux et ouvert.

8/ Identifier ses talents, ses forces, ses qualités.

Notre cerveau est un super-menteur !

Vous connaissez sans doute le biais de confirmation : ce travers cognitif universel qui fait que l'on sélectionne ce qui nous conforte dans nos opinions préconçues ... Quant à l'effet de halo, il affecte lui aussi nos perceptions....

Arrachez l'étiquette que vous lui avez collé. Sortez-le de sa case étroite ! Faisons table rase ! Regardez cette personne avec un oeil neuf et généreux. Que voyez-vous ? A quel moment se montre t-elle sous son meilleur jour ?

9/ Créer des liens de collaboration.

Osez des gestes d'apaisement : un café par ci, un sourire par là. Rapprochez-vous.

Il est toujours très flatteur d'être sollicité : c'est une reconnaissance de nos compétences, une marque d'estime et de confiance. Ce collègue a probablement des choses à vous apporter ou à vous apprendre : faites appel à lui sur un projet, un conseil, y compris sur une idée un peu en dehors de vos fonctions respectives. Proposez une démarche qui lui permettra d'utiliser ses compétences propres. Essayez de voir si vous pouvez être complémentaires sur une initiative commune. Donner et recevoir sont les grands moteurs humains qui font circuler l'énergie.

Noël et nouvel an peuvent vous permettre de sortir des rails et d'oser une initiative afin de nouer des complicités... Et repartir sur un autre pied !

10/ Pardonner

Le pardon découle de la compréhension et de l'empathie. Il y a des maladresses de part et d'autre, c'est la vie ! Nul n'y échappe car nous ne sommes pas des saints ! Il est temps de se défaire du passé et des recherches de responsabilités, et de se tourner vers une nouvelle manière d'être et d'interagir.

En pardonnant une erreur, on écrit « Affaire classée », et on referme le dossier.

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