S’il suffisait de se mettre autour d’une table et de faire un brainstorming avec des post-it pour faire preuve d’intelligence collective, ce concept ne serait pas autant au cœur des transformations des entreprises ! Les organisations se transforment de manière continue pour être en mesure de s’adapter à un écosystème en perpétuelle mutation. L’analyse des modes managériales depuis de nombreuses années nous révèlent que cette nécessité d’adaptation ne date pas d’hier. Les organisations apprenantes et le knowledge management par exemple étaient porteuses de la même ambition : s’appuyer sur l’intelligence collective pour s’adapter et progresser ensemble.

Avant tout, le collectif :

L’intelligence collective implique de nombreux acteurs de l’entreprise : les salarié·es, celles et ceux qui mènent la transformation, la direction de l’entreprise mais aussi la main-d’œuvre externe… Faire preuve d’intelligence collective, revient alors à travailler ensemble « en bonne intelligence » c’est-à-dire dans la perspective d’une œuvre commune, un bien commun. Formulée ainsi, l’intelligence collective fait alors échos à la définition de la coopération. Il convient cependant d’être vigilant pour ne pas prendre le problème à l’envers en conseillant de « favoriser l’intelligence collective en coopérant davantage » : la coopération ne peut être une solution en soi, tant elle représente le problème de nos entreprises – et plus largement, peut-être, de notre civilisation. Nous ne savons pas coopérer et c’est justement ce vers quoi nous devons tendre.

Mais aussi, l’intelligence :

Il faut se garder de croire qu’il y aurait un ensemble de qualités qu’il suffirait de réunir pour que l’intelligence collective devienne une réalité observable susceptible de transformer le réel. Cocher les cases d’un référentiel de compétences aussi complet et exhaustif soit-il, ne suffit malheureusement pas. Bien sûr, il ne s’agit pas de se passer complètement de la notion de compétence, essentielle lorsque l’on parle d’intelligence, mais de donner à ces compétences leur juste place.

La maîtrise à l’échelle individuelle des compétences nécessaires à son propre métier constitue la première étape qui doit être complétée par d’autres :

  • La capacité à comprendre le rôle et le métier des autres acteurs avec qui nous voulons être intelligents ; ce qui exige une culture minimale de son environnement et une certaine ouverture à l’autre.
  • La capacité de faire preuve d’esprit critique c’est-à-dire de capacité d’analyse, de prise de recul et de questionnement des situations dans leur ensemble et dans leurs interconnexions ; compétence malheureusement insuffisamment soutenu par nos modèles managériaux.

Ici, nous ne décrivons que des qualités individuelles : celles que les personnes qui composent le collectif que l’on souhaite intelligents doivent posséder comme condition minimale. Cependant, le propre de l’intelligence collective ne réside pas dans la simple somme des intelligences de chacun mais bien dans l’émergence d’une intelligence encore supérieure. Elle ne peut venir alors que de la création de synergies entre les individus c’est-à-dire des échanges fructueux. Ces échanges seront d’ailleurs d’autant plus riches que les personnes qui composent le collectif seront diverses (en termes d’opinion, de manière de voir le monde, de façon de penser, de culture…). Il s’agit en cela d’un appel à favoriser la diversité humaine dans nos organisations et dans nos collectifs à fortiori lors de prises de décisions.

Favoriser l’intelligence collective nécessite alors à minima de travailler sur le socle de toutes les relations interpersonnelles : la confiance et son corolaire, la transparence. Il n’est pas possible de faire preuve d’intelligence si on ne dispose pas de toutes les informations sur une situation et donc si on ne veut pas les partager. Un groupe d’individu qui serait englué dans les jeux de pouvoir où chacun se fait le protecteur de son propre périmètre et agit dans son intérêt particulier ne pourrait générer de l’intelligence collective. Elle ne peut donc s’exercer dans une seule perspective, celle du bien commun et deviendrait caduc si elle était détournée par une des parties prenantes dans son propre intérêt personnel.

Pour être intelligent ensemble il ne suffit pas de le pouvoir encore faut-il le vouloir – et c’est bien là le plus difficile. Ce n’est donc pas dans les outils, les méthodes, les ateliers ou encore le digital que nous trouverons la réponse mais bien dans la culture de nos organisations davantage tournée vers le collectif et le respect de chacun.

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