Après avoir échangé avec 35 Responsables QVT dans le cadre d’une enquête sur ce nouveau métier, l’équipe Moodwork a fait le constat que celui-ci est habité par diverses tensions, d’aucuns diraient contradictions, qui peuvent parfois entraver la compréhension que l’on a de cette profession émergente et de ses enjeux. Loin de la remettre en question, elles sont la preuve d’un métier riche, complexe et de plus en plus essentiel pour l’entreprise.

1/ La QVT est l’affaire de tous, pas d’une seule personne

La Qualité de Vie au Travail concerne tous les travailleurs : des employés à la direction en passant par les managers. Si dire que tous méritent d’évoluer dans un cadre professionnel serein relève de la lapalissade, l’idée, toute aussi importante, que tous ont un rôle à jouer pour l’avènement et la pérennité d’un tel cadre semble parfois moins évidente. Et pour cause, nommer un Responsable QVT dans une entreprise semble suggérer qu’une seule personne serait en charge de ces problématiques et qu’une seule personne serait à blâmer lorsqu’un mal-être professionnel survient. Tout contre-intuitif que cela soit, il n’en est rien et considérer la QVT comme échue au seul responsable QVT amène à grandement réduire non seulement la complexité du sujet, mais aussi ses formidables possibilités.

La QVT n’est pas un ensemble de décisions imposées verticalement mais un ensemble d’actions pensées collectivement et co-construites horizontalement. Pour être opérante, les actions QVT doivent en effet répondre à un besoin réel. Or une entreprise se compose d’une diversité de métiers et chacun possède ses propres problématiques : penser que le responsable QVT peut seul toutes les appréhender est illusoire.

Aussi, pour pallier ce problème, la première mission d’un responsable QVT est d’être à l’écoute de ses collègues : c’est par le dialogue avec les différents corps de métiers et avec les différents individus que des solutions pertinentes pourront être déterminées. Au responsable QVT d’ensuite repérer les convergences des besoins formulés, d’évaluer la faisabilité des solutions identifiées et de les mettre en place afin d’apporter un réel mieux-être.

En cela, le responsable QVT est similaire à un chef d’orchestre : il doit connaître la partition de chacun de ses musiciens, connaître leurs difficultés pour ajuster sa conduite et adapter le tempo et finalement coordonner l’ensemble de l’orchestre pour produire une musique harmonieuse. Si son rôle est central, la réussite du concert dépend au final de la propension de chacun à jouer sa partition le mieux possible, ce pour quoi le chef d’orchestre/responsable QVT se doit d’être un auxiliaire !

2/ 1000 métiers réunis sous une seule casquette

Il est parfois difficile de définir ce qu’est la QVT : on trouve en effet une pluralité de définitions qui dépendent d’une encore plus grande pluralité de facteurs, ces derniers différant selon les acteurs concernés.

Aussi, puisque le champ de la QVT est large, les missions du responsable QVT le sont également. De plus, toujours dans la logique de correspondre au mieux aux besoins de ses collaborateurs, un responsable QVT n’exercera pas les mêmes missions d’une entreprise à l’autre. Néanmoins, des convergences apparaissent.

La mission première du responsable QVT est la mise en place et la gestion de la politique de qualité de vie au travail de son entreprise, ce qui regroupe des thématiques aussi diverses que les conditions de travail, l’engagement des salariés, l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, la gestion des formations à la prévention des risques psychosociaux ou encore la gestion des situations de crises (harcèlement, burnout, etc.)

Une autre mission récurrente est l’organisation de la vie au travail. Le responsable QVT peut alors agir sur les nouvelles formes du travail telles que le télétravail et la digitalisation des outils. En conséquence, il gérera aussi les problématiques relatives à ces nouveaux modes de fonctionnement telles que le droit à la déconnexion. S’il a les compétences adéquates, le responsable QVT peut également être chargé des questions d’ergonomie, participant ainsi à la prévention des troubles musculosquelettiques.

Parce qu’il se doit d’être en dialogue avec l’ensemble des acteurs de l’entreprise, le responsable QVT occupe une position privilégiée pour accompagner les collaborateurs comme les managers. Ainsi, certains responsables QVT se voient confier la gestion du service social de leur entreprise, ou bien encore la gestion des questions liées au handicap. Certains peuvent même officier en tant que psychologue du travail, pour peu qu’ils possèdent les qualifications appropriées.

Enfin, 86% des responsables QVT sont rattachés à la direction RH de leur entreprise. Aussi, certains d’entre eux peuvent assumer des missions de soutien dans ce domaine, notamment en ce qui concerne la Responsabilité Sociétale des Entreprises.

3/ Responsable QVT, un métier qui travaille à sa disparition ?

On pourrait penser que le responsable QVT accomplit des missions similaires à celles d’un consultant : il observe l’entreprise, dialogue avec ses acteurs, identifie les problèmes et propose des pistes de résolution. Comme un consultant, il pourrait alors repartir une fois son œuvre accomplie. Ainsi, le responsable QVT œuvrerait à la disparition de son propre poste.

On pourrait penser ainsi, et on aurait tort !

On pourrait penser ainsi, et on ferait fi de ce qui constitue la cellule de base de la qualité de vie au travail : l’individu.

Si les facteurs organisationnels de la QVT tendent à être pérennes lorsqu’ils sont mis en place, ce n’est pas le cas des facteurs individuels. Prenez deux entreprises identiques, avec la même activité, la même structure et la même organisation, et les enjeux de qualité de vie au travail seront différents car les employés seront différents.

Aussi, le rôle du responsable QVT est avant tout de comprendre les enjeux individuels de chacun au regard des enjeux structurels de l'entreprise. En cela, il n’indique pas seulement une voie à suivre, il accompagne chacun sur cette même voie, s’adaptant aux aléas de la vie de l’entreprise et de la vie de l’individu, et apprend à chacun comment gagner en autonomie et être l’acteur de sa propre QVT.

Pour s’en convaincre, il suffit d’imaginer un responsable QVT qui, tel un consultant, aurait officié dans une entreprise, aurait posé son diagnostic, proposé et mis en place une politique QVT à appliquer, puis serait reparti. Imaginons qu’un tel scénario ait eu lieu au tout début de l’année 2020. Peut-on alors imaginer que la QVT aurait régné de façon durable dans l’entreprise en question ?

La QVT d’une entreprise n’est jamais que la somme des QVT des différents collaborateurs, aussi, c’est bien de ces dernières qu’il faut prendre soin, qu’il faut accompagner, à travers les différentes conjonctures, à travers les différentes étapes d’une carrière, à travers les différentes étapes de la vie de chacun.

En cela, la Qualité de Vie au Travail s’érige comme un processus et non l’aboutissement de ce processus, comme un art du mouvement qui n’existe que quand on l’exécute et qui peu à peu s’évanouit si l’on redevient statique. Aussi est-ce la raison pour laquelle le métier de responsable QVT est promis à un grandiose essor : maintenant que nous avons pris conscience de tous les précieux bénéfices de la qualité de vie au travail, nous aurons désormais toujours besoin d’un responsable QVT pour construire cette Qualité de Vie au Travail qui, si elle n’est pas entretenue, inéluctablement, se fane et s’évanouit.

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