Les soft skills sont cruciales d'un bout à l'autre d'une vie pro. Bien entendu les compétences techniques sont essentielles pour réussir, mais elles ne suffisent pas, loin s'en faut. Il faut aussi démontrer ses qualités humaines, celles qui nous rendent tous différents, et d'une certaine façon, uniques. A la fois dans une dimension individuelle, et dans une dimension collective.

Il suffit de jeter un oeil aux offres d'emploi pour s'en convaincre : dans un monde professionnel hyper concurrentiel, les compétences douces sont scrutées de près par les entreprises. « Comment ce candidat se comportera t-il chez nous ? » c'est une donnée que le recruteur veut éclaircir. Et devenu employeur, qu'il n'aura de cesse de scruter d'un oeil plus ou moins indulgent.

Conquérir un job nécessite de se mettre en avant sous un angle constructif. C'est un préalable à l'embauche. Ça va sans dire, je sais, je sais .. mais ça va encore mieux en le disant, tant nous nous mettons la tête dans le sable face à une vérité désagréable ! Non, être compétent (et éventuellement aussi diplômé) ne suffit pas ! A l'inverse, en revanche : disposer de très bonnes compétences transversales peut faire « oublier » un manque de compétence pro « pur jus » ! Car un employeur sait qu'il peut (dans une certaine mesure) vous faire acquérir des compétences techniques. Il aura plus de mal à trouver les leviers pour changer votre « personnalité » !

La communication : une aptitude de poupée russe

La communication est donc, dans l'ordre chronologique, LA compétence « douce » à acquérir en priorité ! Si vous devez en maîtriser une seule, cela doit être celle-là ! Car elle vous permettra au minimum de mettre en valeur vos compétences techniques et votre expérience. De fait, la capacité à bien communiquer est comme une poupée russe : elle intègre et abrite toutes les autres ! Pas de savoir-faire qui vaille sans alliance avec le faire-savoir !

Argumenter sur son parcours, son expérience, sa capacité à s'intégrer, à prendre son rôle, à trouver sa place, à donner satisfaction .. cela passe par la communication. C'est à dire par la capacité à parler de soi, à se mettre en valeur .. et en même temps par la capacité à écouter l'autre, avec ses besoins, ses attentes, ses contraintes ...

Quand vient ensuite la période d'intégration, il est tout autant crucial de doser sa parole : ni trop en avant, ni trop en retrait. Entre nous ... quoi de plus horripilant au taf qu'un petit nouveau qui ramène sa science ? Et quoi de plus dangereux sur le long terme que de s'épancher à la machine à café sur les frasques du petit dernier, la difficulté de votre divorce ou le château en bord de Loire de votre nouveau beau-père. Cela vous fait sourire ? Moi aussi dans l'absolu. Mais il y a toujours un moment dans la vie où l'on regrette une confidence imprudente, une légère vantardise ou une blague malvenue. On prend alors dans la figure, comme un boomerang, l'intuition de Voltaire : "Gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge." Parler de soi de manière décomplexée et affirmée se dose au plus juste : ni trop, ni pas assez.

Ainsi, tout au long de votre carrière, vous aurez à vous mettre en valeur. Se contenter de «bien faire son travail», à la fois techniquement et humainement, ne suffit plus à assurer une vie professionnelle gratifiante. On peut le regretter mais c'est ainsi. L'employabilité passe par là. Refuser de le reconnaitre, c'est prendre le risque d'une vie professionnelle abrégée, ou simplement « manquée ». Oui, on peut « manquer » sa vie pro, comme on manque son train : en le regardant partir, sans avoir su monter dans les wagons.

Parler de soi : des pistes pour vous aider à vous lancer:

1- S'engager par un choix clair dans sa tête et dans son coeur.

Si vous voulez être reconnu à votre juste valeur, et à la hauteur de votre contribution à la vie de l'entreprise, alors choisissez d'être votre propre ambassadeur. Soupesez votre état d'esprit et engagez-vous délibérément dans ce choix consenti. Partir au charbon en reculant, avec l'impression du revolver sur la tempe, ce serait la pire manière d'aborder le sujet. Sentez à l'intérieur de vous la différence de résonance entre :

- Je choisis de parler de moi,

- Je dois parler de moi.

Vous allez vous mettre en avant parce que c'est pertinent et stratégique pour vous. Point. Cela correspond à vos valeurs et à vos besoins. Vous voulez réussir dans votre travail, tout en respectant votre entourage. Et cela n'a rien à voir avec de l'égotisme ou du narcissisme, ou même de l'égoïsme. Vous choisissez de le faire et vous allez le faire bien.

2- Commencer simplement : rebondir sur les propos de notre interlocuteur.

Pour vous habituer à faire de la « révélation de vous », le plus simple est tout bonnement de rebondir sur les propos de votre interlocuteur. Vous n'avez même pas à prendre l'initiative ! Pour montrer du respect et une volonté de réciprocité, et d'équilibre, soyez d'abord empathique, par exemple :

« Ça me fait plaisir de voir que tu viens de vivre un beau succès ! Ça me rappelle le trimestre dernier quand mon équipe a .... » Et hop ! Vous avancez une de vos réussite collective ! Bravo !

ou bien :

« Oui, pour moi aussi c'est important de transmettre. Je te rejoins parfaitement sur cette valeur ! D'ailleurs, je .... »

3- Enrichir peu à peu son approche.

Vous pouvez privilégier un angle ou un autre, selon votre sensibilité. Vous pouvez aussi mixer entre parler de :

  • Vos ressentis : perplexité, fierté, reconnaissance ...
  • Vos pensées : analyses, opinions, prise de décisions ...
  • Votre vécu : succès, nouveaux dossiers, actualité sur votre secteur d'activité ...

Ce qui peut donner par exemple :

« Je suis comme toi : je suis fier quand mon équipe rencontre un beau succès ! Et j'en profite souvent pour donner du feedback informel. J'ai remarqué d'ailleurs que c'est bien plus efficace de complimenter sur les efforts de chacun, même quand le résultat est un peu en deçà de ce qu'on aurait voulu »

4- Prendre l'initiative.

Saupoudrez au quotidien. Distillez par petites touches. Bref, habituez-vous à mettre les orteils dans l'eau du petit bain des interactions quotidiennes, cela vous fera un échauffement avant d'être plus ambitieux, et de prendre la parole en grand comité.

Lancez-vous à la machine à café : « J'ai hâte d'être à lundi ! Nous allons accueillir un nouveau stagiaire ! Il est venu se présenter la semaine dernière et toute l'équipe l'a trouvé bien sympa ! J'ai remarqué que les anciens sont toujours très solidaires des nouvelles recrues. Ça nous donne un souffle dynamique en nous faisant sortir de la routine. C'est valorisant. Chacun y trouve l'occasion de transmettre un peu de son savoir, et par la même se sent plus compétent et optimiste. C'est vraiment gagnant-gagnant »

Conclusion :

Si vous prenez un peu de recul, vous voyez que ces mini-conversations tournent autour de compétences douces : aisance relationnelle, capacité à fédérer, travail en équipe, empathie, prise de recul, transmission ... Ainsi chacun de nous communique déjà autour de ses compétences transversales, exactement comme M Jourdain faisait de la prose, sans même le savoir !

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