2021 a été une année extrêmement riche pour le recrutement. Aussi, je vous propose, en toute subjectivité, ma rétrospective personnelle de l’année qui vient de s’écouler avec un coup de projecteur sur les actualités qui m’ont tout particulièrement marquée. C’est parti !

Les recruteurs plus recherchés que les développeurs !

Tout d’abord, LE scoop de l’année ! Un article de Linkedin [1] nous a appris fin juillet que le nombre d’offres d’emploi, au niveau mondial, pour les recruteurs était dorénavant supérieur à celui des développeurs… oui, vous avez bien lu ! Il y avait ainsi 364 970 offres d’emploi pour des recruteurs en juillet 2021 versus 342 586 pour des développeurs.

Les recruteurs sont devenus des profils extrêmement recherchés en 2021 ! Le nombre d’annonces pour des recruteurs est ainsi 6,8 fois supérieur en juin 2021 qu’en juin 2020.

C’est vraiment une excellente nouvelle et ce à plusieurs titres. Tout d’abord, cet engouement pour les recruteurs traduit, de facto, une reconnaissance indéniable de l’importance cruciale de cette fonction. Je ne peux que m’en réjouir !

De plus, le marché des recruteurs connaissant une tension sans précédent, cela incite également les entreprises à s’ouvrir davantage à d’autres profils. C’est une bonne chose à la condition, bien évidemment, qu’une formation en recrutement digne de ce nom leur soit dispensée.

Enfin, les recruteurs ayant été eux-mêmes sursollicités et assaillis de messages de recruteurs, ils ont ainsi été en mesure de constater la médiocrité de certains messages d’approche et de certaines annonces. Aussi, je fais le vœu – c’est de saison ;-) – que cela leur permettra de mieux comprendre l’importance de soigner l’expérience candidat et ce de bout en bout.

Prise de conscience grandissante de l’impact des biais cognitifs

Je lis et écoute de plus en plus de posts, d’articles, de livres et de podcasts sur l’impact des biais cognitifs dans le recrutement. Cela me met en joie ! Une réelle prise de conscience est à l’œuvre parmi les recruteurs.

D’ailleurs, mon livre coup de cœur de l’année, Noise de Daniel Kahneman, Olivier Sibony et Cass R. Sunstein, porte précisément sur ce sujet des biais cognitifs et du « bruit » qui parasitent nos prises de décision.

Ce livre démontre de façon aussi magistrale qu’accablante qu'une décision même professionnelle est rarement aussi rationnelle et objective qu’on ne le pense et qu’elle devrait être ! Concernant l’exacte même situation, les décisions prises que ce soit par des juges, des chefs d’entreprise, des médecins ou bien encore par des recruteurs peuvent varier très fortement. Cette variance est telle que les auteurs parlent carrément de loterie !

Aussi, obnubilée comme je le suis par l’impact des biais cognitifs, je ne pouvais qu’être séduite par l’idée proposée par Delphine Hervé, experte recrutement inclusif au sein de la Fondation Mozaïk - et que j’ai découverte dans un article paru dans Maddyness [2] - de créer une « forme de serment d’Hippocrate, dans lequel les recruteurs affirment prendre conscience de leur condition humaine et s’engagent à essayer d’évaluer les candidats sur des critères objectifs ».

L’essor du « recrutainement »

Expression inventée il y a 25 ans, la « guerre des talents » n’a jamais été autant d’actualité qu’en 2021.Dès lors, les organisations se creusent les méninges et redoublent d’inventivité afin de se démarquer, d’accroître leur attractivité et de recruter plus aisément.

Elles sont ainsi de plus en plus nombreuses à élargir leur panoplie de méthodes de recrutement en misant sur la « gamification» avec l’utilisation de toutes sortes de jeux en ligne ou hors ligne (serious games, escape game, jeux de stratégie, tournois de poker…). Cela s’inscrit clairement dans la mode actuelle du « recrutainment », contraction de recrutement et d’entertainment.

Au risque de passer pour un esprit chagrin, j’émets des fortes réserves quant à la gamification du processus de recrutement et invite ceux qui sont tentés par le recrutainment à lire d’urgence « S'approprier les nouvelles méthodes de recrutement: Tests de personnalité, escape games, serious games, IA » d’Alexis Akinyemi et Laurene Houtin paru cet été. Vous y découvrirez que ces méthodes ne réduisent pas, bien au contraire, les biais cognitifs et ne sont donc pas la solution miracle.

En effet, toutes ces propositions plus ou moins créatives et innovantes perdent souvent de vue l’objectif premier de tout processus de recrutement à savoir évaluer de la manière la plus objective et fiable possible les compétences et capacités réelles d’un candidat à exercer et réussir dans un poste donné au sein d’une organisation précise.

Et si, en 2022, on en revenait aux bons vieux fondamentaux ?!? Back to Basics !

La fin de la période d’essai ?

Confrontée à cette même problématique de guerre des talents, l’entreprise SAUR a, quant à elle, décidé de supprimer purement et simplement la période d’essai. Elle a d’ailleurs a gagné le prix de l’innovation RH en 2021 avec cette idée.

Managers, dirigeants ou bien alternants, plus aucune nouvelle recrue n'observe de période d'essai au sein de l’organisation depuis mars 2021.

Depuis qu'elle a pris cette décision radicale, Saur aurait vu le turnover des jeunes recrues diminuer des 2/3 passant de 3% auparavant à 1% seulement. Ces chiffres doivent cependant être considérés avec prudence au vue de la mise en application encore très récente et devront être confirmés sur la durée.

Pour ma part, je trouve que c’est une idée à tester. Je ne suis pas certaine que c’était un frein extrêmement important dans le recrutement mais ce dont je suis sûre c’est que cette nouvelle politique permettra d’impliquer et de responsabiliser davantage les managers lors de la phase du recrutement. Un second effet kiss cool fort appréciable…

Conclusion

2021 a été une année extrêmement riche et bien remplie pour les recruteurs.

Ces derniers ont pris du galon et sont dorénavant extrêmement recherchés à l’instar des développeurs.

Il faut dire que les difficultés que connaît le recrutement font régulièrement la une de nos journaux et que quasiment pas une journée ne se passe sans qu’il en soit fait mention dans les médias.

Les recruteurs n’ont jamais été autant sous pression tant et si bien que certains pointent le danger d’une prochaine vague massive de démissions parmi les recruteurs dans la foulée du mouvement « The Great Resignation ».

Aussi, comme le rappelle avec bon sens un article paru dans Recruiter.com [4], prenons soin de nos recruteurs en 2022 ! Ils sont en première ligne pour dénicher les compétences et collaborateurs dont les entreprises ont tant besoin et un maillon essentiel de toute organisation !

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Références

[1] https://www.linkedin.com/business/talent/blog/talent-strategy/data-shows-soaring-demand-for-recruiters

[2] https://www.maddyness.com/2021/12/28/recrutement-astuces-biais-inclusion/

[3] Article du Figaro du 23/09/21: « Recrutement : Saur supprime la période d'essai »

[4] https://www.recruiter.com/i/the-great-recruiter-resignation-why-talent-acquisition-teams-might-drive-the-next-wave-of-mass-turnover/

Tags: Recrutement 2021 Rétrospective