Le DRH éprouve des sentiments très particuliers durant les réunions de Comité de direction. Chaque membre expose sa situation, ses difficultés, ses résultats, ses réussites à l’aide de son expertise, qui en général est exclusive de son champ de responsabilité. Il ne vient pas à l’idée du directeur marketing d’avoir une opinion sur l’organisation de la production, du directeur financier de donner des conseils à celui de la recherche et du développement. Quand vient la prise de parole du DRH tout change, les silencieux deviennent prolixes, ils ont tous une opinion à affirmer sur la politique RH au motif qu’ils pratiquent cela au quotidien. Alors l’état d’esprit du DRH ressemble furieusement à celui décrit par Peter Handke dans son livre : « L'Angoisse du gardien de but au moment du penalty[1] ».

La remontada[2] du DRH dans le Codir par les soft skills !

« La question n’est pas de savoir qui va me laisser passer, c’est de savoir qui va m’arrêter[3] », Ayan Rand.

Le territoire du DRH est envahi durant le Codir par des opinions, des suggestions, des critiques… que sais-je encore. A cet instant de la réunion le désir latent du DRH est de pouvoir disposer d’un champ d’action où il serait seul à pouvoir faire la preuve, par des arguments d’autorité et des pétitions de principes chers à Schopenhauer[4] de la pertinence de son action. Cela est possible en mobilisant les soft skills et une stratégie pédagogique ad hoc. Cf. les articles précédents :

Le DRH retrouve la possibilité de promouvoir une discipline majeure qui fait défaut à toutes les activités des entreprises malgré la bonne volonté des managers, les softs skills.

Le DRH, le Codir et les soft skills, mais quoi ?

« Le plus difficile est de se décider d’agir, le reste n’est que ténacité[5] », Lady Lindy

Pour développer son autorité, le DRH peut mobiliser les études qui précisent que 75% des salariés ignorent ce que sont les soft skills[6] et que les managers utilisent les soft skills entre 60 et plus de 90%[7] des situations managériales avec une grande probabilité de connaissance inconsciente. Le champ des possibles est maintenant disponible. Le contenu est décrit en vrac dans les différentes études et dans l’univers culturel de l’entreprise, il suffit de l’organiser.

Le domaine des compétences comportementales est semblable à la création du Bon Marché au milieu du XIXe siècle par Aristide et Marguerite Boucicaut[8]. Les ingrédients rassemblés, alors place à la recette, à la stratégie.

La responsabilité aussi historique que structurelle des DRH est de développer l’entreprise apprenante pour obtenir des collaborateurs le niveau de connaissances et de compétences requis face à l’exercice de leurs fonctions. Pour y parvenir, cela nécessite :

  • Une philosophie : la formation professionnelle tout au long de la vie, loi de novembre 2009.
  • Une intention : faire monter en compétence, faire grandir les collaborateurs.
  • Un objectif : conformité de connaissances et des compétences au poste de travail.
  • Un système pédagogique : démarche d’apprentissage, rôle des pédagogues, formateurs, moniteurs, tuteurs, mentors au service de la transmission du savoir.
  • Un référentiel : préceptes, concepts, méthodes, pour apporter des connaissances et méthodologies, actions ; résultats attendus pour développer les compétences,

La caractéristique essentielle de l’entreprise apprenante repose sur l’usage de la définition du mot apprendre c’est-à-dire donner et/ou recevoir un enseignement en l’espèce celui des compétences comportementales, des soft skills.

Le DRH, le Codir et les soft skills, mais comment ?

« Le plus grand échec est de ne pas avoir le courage d’oser », l’Abbé Pierre.

L’entreprise apprenante permet de réguler le niveau des connaissances et des compétences d’un collaborateur à son poste de travail indépendamment de son statut.

  • Connaissances, savoir, compréhension et mémorisation directe et/ou indirecte.
  • Compétences, savoir-faire, savoir-être au poste de travail, dextérité, aisance, talent.

Et de l’existence et de l’utilisation du référentiel en cause pour cela il faut qu’il existe, qu’il soit connu, compris, accepté pour pouvoir constater son application.

Ensuite il convient d’attribuer les responsabilités réciproques des managers et des collaborateurs. A l’instar des connaissances basiques des collaborateurs attendues par l’entreprise telle que savoir lire, écrire, compter, utiliser les fonctions de Word / Excel / PowerPoint. Le collaborateur se doit de connaitre les principes fondamentaux, préceptes, concepts et méthodes liés aux soft skills. L’entreprise se doit de faire comprendre comment cela doit être exploité au poste de travail.

Le principe pédagogique de Stanislas Dehaene[9] est mobilisable : attention / engagement actif / retour sur erreur et consolidation. Ce dispositif efficient par nature développe l’implication personnelle du collaborateur au service du professionnalisme à exercer à son au poste de travail selon les valeurs de responsabilités et non à son implication personnelle selon ses valeurs de conviction. Ainsi se trouvent impliquées les valeurs d’éthique de Max Weber[10] pour répondre à la vocation fondamentale de l’entreprise : « Transformer les besoins du marché en marge nette ».

Chaque collaborateur, dans le cadre de sa fonction devrait mettre en œuvre les deux acceptions du mot commerce[11] : « Faire des affaires et être de relation agréable », mais cela est une autre histoire…

Conclusion

« Je suis reconnaissant à tous ceux qui m’ont dit non, c’est grâce à cela que je suis moi-même », Albert Einstein

Dans les épreuves de la vie en général et dans le sport en particulier la remontada, la reconquête est toujours le fruit de la volonté au service des techniques. L’imagination négative a toujours engendré l’échec, pour s’en convaincre la relecture de la pensée de Blaise Pascal s’impose[12] :

« Le plus grand philosophe du monde sur une planche plus large qu'il ne faut, s'il y a au-dessous un précipice, quoique sa raison le convainque de sa sûreté, son imagination prévaudra. Plusieurs n'en sauraient soutenir la pensée sans pâlir et suer ».

L’application de cette pensée suffit pour maitriser son imagination destructrice au profit de la réalité créatrice de réussite.


[1] Die Angst des Tormanns beim Elfmeter Peter Handke Gallimard 1982

[2] De l’espagnol : remonter, en 1956 en final de la coupe d’Europe des clubs champions en football. Le Real de Madrid gagne 4-3 après avoir été mener 2-0 en début de match.

[3] Ayan Rand, Alissa Zinovievna Rosenbaum, philosophe et femme de lettres américaine d’origine russe. 1905 / 1982.

[4] Pour les puristes il d’agit des stratagèmes XXX et XXII de l’art d’avoir toujours raison 1830

[5] Amélia Earhart dit Lady Lindy aviatrice américaine 1897 1937.

[7] Enquête BMO, besoins en main-d’œuvre, réalisée en 2017 pour Pôle emploi par BVA et Crédoc.http://www.pole-emploi.org/accueil/actualites/infographies/les-competences-attendues-par-le.html?type=article

[9] Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines, Odile Jacob, 2018

[10] Max Weber Economiste et sociologue allemand 1864 – 1920

[11] Encyclopédie de Diderot et Dalembert 1751-1772

[12] Blaise Pascal Pensées, édition Lafuma 44, 1670

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