Halte aux généralités sur les générations

Fin du CDI, entreprise libérée, désengagement, quête d’autrement, d’utilité… De nouvelles aspirations au travail se dessinent et en questionnent les modalités. Mais on a eu tôt fait d’associer besoin de sens au travail et caprices de millenials. À en croire les quelques milliers de livres, articles et conférences qui fleurissent sur le sujet, la soif de sens au travail serait l’apanage des générations Z et alpha… Et si cette quête très médiatique était un peu plus nuancée ? Et si ce n’était finalement pas tellement une question de génération ? Décryptage de cette notion avec l’enquête somanyWays et les regards croisés de plus de 15 000 répondants.

UNE QUESTION UNIVERSELLE

L’ère du pourquoi a infiltré nos entreprises. Pour quoi je fais ce que je fais ? Voilà la question qui occupe les travailleurs du monde entier. Pour l’argent ? Pour être utile à la société ? Pour ne pas m’ennuyer ? Pour transformer mon équipe, mon secteur, mon quartier ? Pour apprendre ? Me développer ?

10 ans peut-être que ces pourquoi prennent du galon. Que les travailleurs semblent avoir perdu le sens de ce qu’il font. La mélodie médiatique vient le confirmer : bullshit job, raison d’être, slashing, nomadisme, innovation, RSE, reconversion… chacun.e semble se chercher et chercher un sens à sa trajectoire professionnelle. Si le questionnement prend des formes diverses, le besoin de sens au travail semble faire l’unanimité : 87% des actifs français considèrent que le sens au travail est important (étude Deloitte).

Dès lors, comment ignorer la question ? Pourquoi en avons-nous fait un luxe de privilégiés et un caprice de génération alors qu’il s’avère si déterminant ? Dans l’échelle des besoins, telle que théorisée par Maslow, le besoin d’accomplissement vient après d’autres besoins fondamentaux : les besoins physiologiques, les besoins de sécurité, d’appartenance ou d’estime. Si on transpose cette célèbre pyramide des besoins au travail (cf schéma ci-dessous), le sens demeure le dernier des besoins à combler. Pourtant, si l’on y regarde de plus près, dans nos pays développés, les besoins du haut (accomplissement, estime, reconnaissance) gagnent du terrain. En France, par exemple, le besoin d’accomplissement (de sens) est déjà beaucoup plus prégnant aujourd’hui qu’il y a 100 ans. Autrement dit, ce n’est pas une tendance passagère mais bien une question de fond qui va dans le sens de l’évolution… de l’humanité.

LE SOCLE DU SENS AU TRAVAIL

Cette quête, bien qu’universelle, cache une très grande diversité de réalités. Ce qui donne du sens à l’un peut s’avérer insensé pour certains. Pourtant, derrière cette quête très personnelle, des fondamentaux émergent. Quelle que soit la génération.

Ce qui donne unanimement du sens au travail selon l’enquête conduite par somanyWays ? Des trucs vieux comme le monde. Un environnement de travail sain, la possibilité de se développer, de la latitude pour exercer son métier. Et sur le podium de ce qui dissout le sens au travail ? Les entreprises qui ne prennent soin ni des gens, ni de la planète, de très (trop?) grosses organisations et des managers qui ont du mal à faire confiance.

Le top 3 des indispensables au travail

  • Avoir une bonne ambiance de travail - 62%

  • Apprendre, développer de nouvelles compétences - 60%

  • Avoir la possibilité de proposer des idées, des solutions - 51%

Le flop 3 des “surtout pas” au travail

  • Une entreprise qui manque d’éthique - 87%

  • Une grande entreprise renommée - 57%

  • Un chef qui micro-manage (dit “comment faire” plutôt que “pourquoi”) - 45%

Découvrez ici les autres chiffres clés de l’enquête somanyWays

UNE QUESTION D'ÉDUCATION, BIEN PLUS QUE DE GÉNÉRATION

Les idées reçues sur les nouveaux rapports au travail sont légion. Qui n’a pas lu, formulé ou entendu quelques clichés sur les générations : “Les jeunes ne veulent plus de CDI”, “Ils rêvent d’un job utile à la société”, “Ils posent des limites claires entre vie pro et vie privée”, “Ils réclament toujours plus de flexibilité”... Pourtant, les chiffres de l’enquête viennent contredire ces allégations : la question du sens au travail n’est pas vraiment une affaire d’âge. Mais plutôt une affaire d’éducation. Chez la plupart des répondants, c’est le niveau de diplôme qui conditionne le plus fortement la réponse aux questions.

Quelques chiffres clés s’il en fallait pour finir de démontrer que la question du sens au travail est bien plus contextuelle que générationnelle :

  • 38% des répondants ≤ bac+2 jugent indispensable d’avoir un CDI vs. 22% des ≥ bac+5

  • 45% des moins diplômés (≤ bac+2) estiment que progresser régulièrement dans sa rémunération est essentiel vs 30% des plus diplômés (bac +5 et plus)

  • 49% des répondants estiment indispensable de pouvoir s’organiser comme ils le souhaitent mais ce sont… les moins jeunes qui réclament plus de flexibilité ! Un critère jugé indispensable par 57% des 45-62 ans contre 36% des moins de 27 ans.

Pour en savoir plus, téléchargez l’étude complète

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