« Apprendre sans réfléchir est vain. Réfléchir sans apprendre est dangereux ». Confucius

Le DRH se trouve en responsabilité d’exécuter une tache créée de toute pièce par on ne sait qui : un consultant en mal de problème client, un chercheur en mal de thème de recherche, un journaliste en mal de sujet pour un article de fond, un manager en mal de moyen pratique pour mobiliser ses collaborateurs ou tous ensemble. Il s’agit de développer l’entreprise apprenante comme si l’entreprise avait une autre vocation que d’apprendre à transformer les besoins du marché en marge nette. La conséquence pour chacun de ses interlocuteurs qu’ils soient collaborateurs, clients, fournisseurs ou partenaires est de connaitre ce qu’elle est, ce qu’elle fait et ses raisons d’agir.

Le pléonasme : ’’entreprise apprenante’’ et les soft skills !

« L’enseignement c’est apprendre à savoir, à savoir faire, à faire savoir. L’éducation c’est apprendre à savoir être », Louis Pauwels[1].

L’entreprise a toujours été, est toujours et sera pour toujours apprenante, elle a pour corollaire l’oxymore de l’entreprise ignorante. Prenons comme sujet de réflexion les soft skills, le champ de responsabilité du DRH. Il doit manager les soft skills dans l’entreprise par sa politique RH du recrutement à l’évolution de carrière. Au jour d’aujourd’hui, ne nous privons pas d’un autre pléonasme, les compétences comportementales exprimées par les collaborateurs sont perfectibles. L’entreprise demeure éducatrice.

L’entreprise apprenante et les soft skills, la stratégie !

« Diriger et apprendre ne sont pas dissociables ». John Fitzgerald Kennedy

La responsabilité aussi historique que structurelle des DRH porte sur le développement de l’apprentissage des collaborateurs pour obtenir le niveau de connaissances et de compétences requis face à l’exercice de leurs fonctions. Pour y parvenir, cela nécessite :

  • Une philosophie : la formation professionnelle tout au long de la vie, loi de novembre 2009.
  • Une intention : faire monter en compétence, faire grandir les collaborateurs.
  • Un objectif : conformité de connaissances et des compétences au poste de travail.
  • Un système pédagogique : démarche d’apprentissage, rôle manager / mentor au service de la transmission des savoirs.
  • Un référentiel : préceptes, concepts, méthodes, pour apporter des connaissances et méthodologies, actions ; résultats attendus pour développer les compétences,

La caractéristique essentielle de l’apprentissage repose sur l’usage de la définition du mot apprendre, c’est-à-dire donner et/ou recevoir un enseignement en l’espèce celui des compétences comportementales, des soft skills.

L’entreprise apprenante et les soft skills oui mais quoi ?

« Le monde est une pièce de théâtre ; il faut apprendre à jouer son rôle », Palladas[2].

Les articles précédents présentent le contenu des soft skills modélisé par l’auteur sous la forme de l’Education de Soi-Même en 7 Clés.

L’entreprise apprenante et les soft skills oui mais comment ?

Le DRH dispose de différents instruments pédagogiques pour développer sa stratégie de l’entreprise apprenante.

La pédagogie selon la mémorisation ! Le taux de mémorisation à 24h est établi selon les travaux de Kurt Lewin[3] et du NTL Institute. Il se situe entre deux extrêmes, 5% après avoir entendu le message et 90% après l’avoir enseigné et/ou appliqué.

La pédagogie selon le TWI[4] ! L’objectif de la méthode est de former toutes sortes d'apprenants à toutes sortes de contenus aussi bien manuel qu’intellectuel. La relation pédagogique se développe au poste de travail et respecte le protocole suivant :

  • 1. Analyser le contenu par phases du simple au complexe et par points clés.
  • 2. Démontrer pour faire comprendre.
  • 3. Faire faire avec des explications progressivement par phase et point clé
  • 4. Répéter jusqu'à l'automatisme du comportement conforme.
  • 5. Réguler par retour la phase 2.

Il est observable que cette pratique pédagogique permet d’apprendre avec un taux de mémorisation de 80 à 90% à 24 heures selon le NTL Institute.

La pédagogie « du pourquoi et du comment » ! A l’instar des connaissances basiques, les collaborateurs doivent savoir lire, écrire, compter, utiliser les fonctions de Word / Excel / PowerPoint. Pour les soft skills le collaborateur est responsable de son niveau de connaissance, le pourquoi, les principes fondamentaux : préceptes, concepts et méthodes. L’entreprise est responsable du niveau de compétence de ses collaborateurs à leur poste de travail par le comment : méthodologie, action, résultats. Les responsabilités sont complémentaires.

La pédagogie « désapprendre pour apprendre » ! Ce principe est à l’analyse, soit une simple idiotie, soit une erreur de langage ou une escroquerie intellectuelle. Si cela était réel, ma femme, suédoise, aurait depuis oublié sa langue maternelle et les conducteurs se rendant en Grande-Bretagne aurait oublié la conduite à droite pour leur retour sur le continent. Apprendre un contenu nouveau n’a rien de commun avec l’oubli, c’est un enrichissement. Maintenant, si « désapprendre pour apprendre » est la mise en cause des acquis, il s’agit alors d’un autre concept, nécessaire, indispensable à la progression, qui s’appelle alors l’évolution de la connaissance et non l’oubli.

Conclusion

« Il y a plusieurs manières pour apprendre une chose ; la meilleure manière est de la professer ». Saint François de Sales[5].

Le domaine des compétences comportementales est semblable à la création du Bon Marché au milieu du XIXe siècle par Aristide et Marguerite Boucicaut[6]. Pour répondre à la demande, les différentes boutiques d’une ville sont présentées dans un seul bâtiment. Il ne reste au DRH qu’à faire son marché, choisir ses ingrédients, utiliser sa recette pour créer son référentiel des soft skills pour ensuite le faire connaitre, comprendre, accepter et appliquer. Chaque membre de l’entreprise devient responsable de l’apprendre.

C’est à ce prix que l’entreprise demeure apprenante.


[1] Louis Pauwels, écrivain et journaliste 1920 / 1997

[2] Palladas poète grec Vème siècle

[3] Kurt Lewin 1890 / 1947 Psychologue Germano américain Fondateur du National Training Laboratories Institute for Applied Behavioral Science dit le NTL Institut.

[4] TWI Training Whisin Industry, formation au sein de l’industrie, créée par CH R Dooley en 1941 aux USA. pour satisfaire aux nécessités de formation de l'encadrement dans l'industrie née de l'effort de guerre de cette époque.

[5] Saint François de Sales prélat 1567 / 1622 canonisé en 1665

Tags: Management Soft skills Apprendre Entreprise apprenante