D'un côté : un sentiment d'absurdité, de vide, de « à quoi bon ? » De l'autre : un élan, une étincelle, une force, un engagement dans l'action.

Entre les deux, un gouffre. Un creux créé par le manque de sens. Le sens du travail. Le sens au travail.

Avec lui, l'implication coule de source : motivation, engagement, performance viennent naturellement. Avec lui, le bien-être mental est à portée de main : satisfaction liée à la tâche ou au but, émotions positives, sentiment d'authenticité, impression d'inclusion, d'utilité sociale, de cohérence ...

Se sentir inspiré, c'est déployer naturellement énergie et créativité. C'est s'engager avec plaisir, parce que notre action a de la valeur et qu'on y trouve du plaisir.

Le sens du travail peut être évident en lui-même, mais il a souvent simplement le goût que le salarié lui donne, il devient alors le sens au travail. Subtil mélange de ses aspirations, de ses valeurs, du plaisir qu'il trouve, des relations qu'il noue et de l'utilité de chaque tâche. Construire du sens au travail, c'est aussi trouver de quelle manière chacun s'insère dans le monde, en développant son potentiel et en utilisant ses talents.

Dans des contextes professionnels incertains, bousculés, déstabilisants, peut-être même déshumanisants, de nombreux salariés peinent à trouver du sens à leur travail.

Or le sens se construit. Il se déconstruit aussi, et se transforme au fil d'une vie.

7 pistes pour retrouver du sens

1 / Définir à qui vous rendez service :

Au service de quoi ou de qui votre activité se met-elle ? Les emplois ne sont pas tous « formidables » au premier coup d'oeil. Certains d'entre nous peuvent sauver des vies, d'autres vont les nourrir, les rendre plus agréables, plus sécurisantes ou plus simples. Nous pouvons agir pour rendre la société plus juste, plus écolo. Aider les autres à se déplacer, à accéder à leurs droits ou leur transmettre du savoir. Nous pouvons aussi contribuer indirectement à rendre un service, à construire quelque chose ou à prévenir un danger ou une souffrance ... Quelle place prenez-vous dans un grand tout, dans la société, comment vous vous insérez-vous dans le monde ?

Votre travail rencontre un besoin. La question « A quoi ça sert ? » (Ou « à qui est-ce utile ? ») est une manière de vous reconnecter à l'utilité directe ou indirecte de votre action.

2 / Verbaliser vos valeurs :

L'étape suivante sera de vos interroger sur l'adéquation de votre travail avec vos valeurs. Puisque que vous avez défini à qui vous rendez service (et de quelle façon), examinez si ceci est conforme à vos valeurs. Si ça ne l'est pas, peut-être pourriez-vous remplir le même emploi ou la même fonction, mais dans une autre structure. Changer l'eau du bain sans jeter le bébé, en quelque sorte. Ce ajustement peut être suffisant. Et s'il ne l'est pas, alors peut-être est-il temps de vous reconvertir.

Prenons un exemple un peu abracadabrantesque-caricatural : comptable pour la mafia ou comptable pour une ONG, c'est un « détail » qui change quelque chose ...

A ce stade, testez votre cohérence intérieure et passez en revue les grandes valeurs classiques : liberté, écologie, recherche de connaissances, responsabilité, justice sociale, transmission, contribution à la société, préservation des traditions ou innovation ...

3 / Instiller de l'artisanat, du « job-crafting » et du plaisir :

Mettez plus de vous-même dans vos tâches, faites les choses à votre façon, instillez un savoir-faire qui vous est unique.

Donnez-vous des mini-défis, jouez avec vos compétences, votre autonomie, « bricolez » les procédures ou les outils. Façonnez votre travail pour stimuler votre intérêt et lutter contre l'ennui, la routine, la norme, le conformisme, la répétitivité ... Personnalisez votre travail ou inventez des tâches qui ne sont pas dans votre fiche de poste. Amusez-vous !

4/ Construire des relations positives :

Nous ne choisissons pas nos collègues (ni parfois nos clients ou nos fournisseurs). Mais la qualité de nos relations étant essentielles à notre bien-être, ça vaut la peine de faire un effort. S'intéresser, montrer de la chaleur, de la proximité, poser des questions, soutenir un nouvel arrivant, chercher à être plus empathique ... au quotidien ces mini-gestes font une réelle différence.

5/ Garder en tête la finalité de votre salaire :

Mais au fait ... Pourquoi travailler en échange d'un salaire ? Après tout, vous pourriez être bénévole, trouver votre utilité et vous épanouir tout aussi bien ! Non ?

Le salaire est bien souvent la première motivation pour prendre un travail. Et il n'y a pas de honte à ça. On a besoin de sous, et parfois on a ... envie de sous. Toute ma question pour vous est « des sous pour obtenir quoi ». Il est légitime de travailler pour couvrir nos besoins : nous nourrir, nous vêtir, avoir un toit, éduquer nos enfants, préparer notre avenir ... Peut-être souhaitons-nous plus que ça. Peut-être avons-nous d'autres besoins, d'autres envies. Des besoins plus élevés... ou pas ! Une autre question à examiner serait alors « à quoi servira ce surplus de salaire que je veux ? où s'arrêtera-t-il ? » Est-ce que plus d'argent va avec plus de sens ? Ou à l'inverse, est-ce que plus d'argent me fait perdre le sens de mon travail ?

6/ Avoir une vue d'ensemble :

Si vous prenez de la hauteur et un peu de distance par rapport à la vie qui est la vôtre, où voyez-vous que cela vous mène ?

Est-ce que des étapes se dessinent ? Est-ce que ceci est à votre convenance ?

Avec ces questions, nous retombons toujours sur nos valeurs, nos besoins et nos désirs. Hélas nous avons parfois des conflits intérieurs sur ces sujets.

Imaginons que votre situation actuelle vous amène à « plus de sécurité ». Vous pourriez être tiraillé en raison d'une aspiration à « plus de liberté », et la seule manière d'en sortir sera de faire un travail sur vous-même.

7: Auto-Bienveillance :

Peut-être y a-t-il des aspects très insatisfaisants à votre travail, et peut-être n'avez-vous pas encore envie d'en changer à ce jour, ou pas la force. Accordez-vous le droit de laisser les choses en l'état pour l'instant. Tout simplement parce que ce n'est pas encore le bon moment pour vous, et qu'il est judicieux de respecter votre propre rythme interne. Vous pouvez arriver à cette acceptation provisoire avec des phrases comme celle-ci : « Oui je préférerais faire les choses autrement, avoir un autre travail ou une autre vie. Simplement, pour l'instant, je fais du mieux que je peux et je choisis de vivre la situation telle qu'elle est. Je décide d'en tirer le meilleur usage parce que à ce jour c'est ce que je peux faire et demain sera sans doute différent. »

En conclusion de cet article, j'aimerais partager avec vous cette citation de Khalil Gibran : « Le travail est l'amour rendu visible ». Pour nous qui ne sommes pas poètes, il me semble que c'est une bonne piste d'introspection : de quel amour mon travail parle-t-il ?

Pour aller plus loin, je vous propose de réfléchir à « Ce que notre travail dit de nous ».

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