Les 5 principales erreurs à éviter

En France, il existe un paradoxe : chômage de masse et pénurie de main-d'œuvre. Comment cela est-il possible ? Cela semble impossible, mais c'est pourtant vrai. Comment un pays peut-il avoir autant de chômeurs tout en ayant des difficultés à trouver des travailleurs ? La réponse réside dans la structure de l'économie française. Examinons de plus près ce phénomène.

Quelques chiffres sur le paradoxe française de l'emploi

En matière d'emploi, la France peut sembler être un pays paradoxal. Nous arrivons, en même temps à avoir un chômage élevé et des pénuries de main d'œuvre.

Au premier trimestre 2022, le taux de chômage en France s'établissait à 7.3% selon Pôle Emploi. Un chiffre assez bas en comparaison avec les performances passées.

Un chiffre pouvant en partie s'expliquer par la hausse constante des volumes de recrutements. En 2022, selon Pôle Emploi un peu plus de 3 millions de recrutements devraient être effectués. La plupart des secteurs d'activité recrutent.

Parallèlement à ces "bonnes nouvelles", il apparait que le marché du travail en France se tend du plus en plus, les entreprises et les industries ayant des difficultés à trouver les travailleurs qualifiés dont elles ont besoin. Il existe une pénurie de candidats possédant les compétences techniques et relationnelles.

D'ailleurs 58% des recrutements sont jugés difficiles par les entreprises.

Quels sont les profils pénuriques

Lister les métiers sous tension pourrait être tentant. Cela donnerait un inventaire à la Prévert.

D'une manière générale, il existe deux grandes catégories de métiers sous tensions : les métiers émergents et les métiers "mal aimés".

Les métiers émergents sont des métiers apparus récemment et pour lesquels il existe peu ou pas de filières de formation. Il y a donc un manque de candidats formés. On les trouve principalement dans les domaines du digital et des énergies nouvelles (mais ce sont loin d'être les seuls). On va par exemple retrouver les métiers liés à l'intelligence artificielle, au développement informatique, la cybersécurité.

Les emplois "mal aimés", quant à eux, sont ceux qui ont une mauvaise image et que peu de gens veulent exercer. Cette mauvaise image peut être liée à plusieurs facteurs :

  • un niveau de qualification bas
  • une rémunération peu attractive
  • une image pas très sexy (comme pour les métiers de la comptabilité ou du commerce)

En résumé, nous manquons de profils très qualifiés et de profils peu qualifiés.

L'équation de la pénurie de main d'œuvre et du chômage de masse est loin d'être simple à résoudre, pourtant plusieurs solutions existent.

Quelles sont les options pour résoudre la pénurie de candidats et le chômage de masse ?

Pour être tout à fait politiquement incorrect, commençons par ne plus nous satisfaire d'un taux de chômage de 7% en disant que c'est le meilleur que nous avons depuis plusieurs décennies. Acceptons que le chômage est un fléau mais pas une fatalité et regardons la réalité en face.

Si l'on veut résoudre le chômage de masse et les pénuries de personnel, nous devrons mettre en place un arsenal de mesures au niveau de l'état, de Pôle Emploi et des entreprises.

Quelques idées de mesures simples ou complexes :

Nous pourrions identifier les métiers émergents et créer les filières de formations adéquates rapidement pour profiter au maximum de leur apparition. En Allemagne, par exemple, le Plan d'Apprentissage est en place depuis 2005. Il s'agit d'un plan qui permet aux jeunes d'être rapidement formés aux métiers de demain.

Cela pourrait se faire en France par la mise en place de formations spécifiques au sein des entreprises ou par une collaboration plus étroite avec les universités et les grandes écoles.

Nous pourrions renforcer la lutte contre le cumul du travail au noir et du bénéfice des allocations de Pôle Emploi. Il s'agit d'une double peine pour ceux qui respectent les règles car non seulement ils voient leurs allocations de chômage diminuer mais ils sont également en concurrence avec les personnes qui travaillent au noir.

Nous pourrions créer des contrats de travail plus attractifs, notamment pour les emplois "mal aimés". Cela pourrait se faire en mettant en place un système de bonus et de primes liés à la difficulté de combler un poste.

Nous pourrions également revoir le système d'allocations de chômage pour le rendre plus flexible et moins dissuasif pour le travail. L'idée serait d'avoir un système mieux adapté à la réalité du marché du travail. D'ailleurs, la plupart de nos voisins européens ont adopté des systèmes d'indemnisation avec des durées plus courtes que celle proposée en France.

Nous pourrions organiser un suivi personnalisé des personnes en situation de recherche d'emploi en tirant profit du digital. Ce n'est un secret pour personne que les agents de Pôle Emploi suivent chacun les dossiers de plusieurs dizaines de chercheurs d'emploi. Cela peut se révéler difficile pour eux de fournir des conseils de qualité, compte tenu de la diversité de situations et de profils.

Le numérique pourrait y contribuer en fournissant, par exemple, aux demandeurs d'emploi des informations personnalisées et ciblées.

Nous pourrions adapter les filières de formations aux besoins réels exprimés par les entreprises. L'Education Nationale pourrait travailler plus étroitement avec les entreprises pour comprendre leurs besoins en termes de compétences et de profil. Cela permettrait d'adapter les formations pour qu'elles correspondent réellement aux attentes des entreprises.

Nous pourrions mieux informer les jeunes (et leurs parents) sur les métiers qui seront demandés dans les années à venir.

Nous pourrions dynamiser l'apprentissage dans les métiers en forte tension pour attirer les jeunes.

Nous pourrions recycler les compétences des personnes dont le métier est en voie de disparition vers des métiers porteurs. Cela pourrait se faire, par exemple, en fournissant une aide financière et une aide en formation à ceux qui souhaitent se reconvertir.

Ce ne sont que quelques idées, mais elles montrent qu'il est possible de trouver des solutions à ce paradoxe. Maintenant, c'est aux dirigeants politiques et aux chefs d'entreprises d'agir pour changer la situation. Vous avez d'autres idées pour résoudre le paradoxe français de l'emploi ? Partagez les dans les commentaires !

Tags: Pénurie de candidats Chômage Pôle Emploi Recrutement