L’information n’est pas passée inaperçue cet été : une IA (Intelligence Artificielle) a licencié une soixantaine de collaborateurs chez Méta (anciennement Facebook). Avec cette nouvelle révélation, le groupe, déjà dans la tourmente pour d’autres faits, n’a fait qu’amplifier le désamour vis-à-vis de sa marque et la critique de ses pratiques pour le moins problématiques.
Et pourtant : dans le domaine des ressources humaines, on ne cesse de vouloir digitaliser à tout-va et on se plait à imaginer l’IA comme un puissant facteur de progrès. Alors, qu’est-ce qui coince ? Pourquoi ce bel objectif se transforme en dystopie dès lors qu’on le met en place ?
Le fait est que la question de la digitalisation, au fond, n’est pas une question de prise de contrôle des humains par les machines. L’enjeu, au contraire, est que les humains puissent utiliser ces machines « sans couture ». Par exemple, digitaliser la demande de congés, c’est réduire le process long et pénible qui consiste à envoyer un mail à son manager, ne pas savoir s’il l’a lu, attendre son feu vert comme celui de la RH pour savoir, in fine, si l’on peut ou pas réserver des billets de train pour son futur voyage.
Mais réduire ce process, par exemple en informant l’employé en temps réel sur le statut « réel » de sa demande (a-t-elle été lue au moins ?) consiste plus à communiquer davantage d’informations sur les actions entreprises par les personnes (votre manager a lu votre demande) qu’à optimiser le dit processus à l’aide de l’IA.
Est-ce qu’on imagine une IA valider les vacances de ses collaborateurs ? Au nom de quel algorithme ? Quelle est la légitimité ?
Une telle décision (doit-je accepter la demande de congés de mon employé ?) est, à date, une prérogative à la fois humaine et managériale. Cela semble être une évidence, mais introduire l’IA comme composante potentielle dans les outils SIRH est un risque que cette « évidence » ne soit battue en brèche. Pourquoi ? Car, il est au fond beaucoup plus facile de se dédouaner derrière une IA que d’assumer les yeux dans les yeux de son salarié qu’il a des problèmes de performance. Une facilité qui ne doit pas être prise à la légère (ni adopter bien sûr) puisqu’il en va du courage managérial.
C’est pourquoi il est essentiel que les DRH s’emparent de la question de l’éthique de l’IA dans leurs processus de digitalisation afin d’éviter de se retrouver un jour en difficulté sociale face à un logiciel qui sera allé trop loin dans l’autonomie algorithmique.
Car les technologies sont bel et bien là. Il suffit de demandes concrètes pour les potentialiser mais comme on le voit dans le cas de Méta, cela peut conduire à un rejet très fort du corps social ainsi qu’à un bad buzz qui vient entacher la marque et son image.
À moins que votre IA pour la E-Réputation ne s’empare du sujet pour réparer les dégâts ?