La crise du COVID-19 a fait évoluer les attentes et les perspectives dans une tout autre direction, le travail n'étant plus au centre de l'attention des jeunes âgés de 18 à 30 ans. Alors en 2022, quels sont les attentes et les besoins des jeunes en matière d'emploi ?

Selon une enquête ANDRH/BCG1, 90 % des DRH estiment que les candidats post-Covid expriment des attentes différentes.
Dans un tel contexte, les entreprises se demandent comment répondre à ces attentes. La réflexion sur « l'expérience collaborateur » doit faire l'objet d'une attention de plus en plus soutenue.
Nous aborderons les points suivants :

1. Pandémie : Impact sur l'emploi des jeunes.

2. La quête de sens : entre exigence et engagements RSE.

3. Choix d’entreprise : Les conditions et les avantages de travail

1. Pandémie : Impact sur l'emploi des jeunes.

Le chômage des jeunes de moins de 25 ans s'élevait à 11 % en 1980 et à 24 % en 2017. Selon l'INSEE, ce nombre a plus que doublé au cours des 40 dernières années et se maintiendra à environ 23 % d'ici la fin de 2022.

Selon une enquête auprès des diplômés universitaires menée par Walters People en août 2021, 70 % des diplômés pensent que la crise sanitaire les a retardés dans l'obtention d'un emploi par rapport aux promotions précédentes.

Cela expliquerait pourquoi la fin du confinement a été marquée par la reprise de l'entrepreneuriat indépendant chez les moins de 30 ans. En effet, les inscriptions sont en hausse de 9 % par rapport à 2020, selon l'Insee.

La dynamique des indépendants pourrait s’expliquer par la difficulté d'insertion des jeunes sur le marché du travail...

N'oublions pas non plus que cette crise a créé ou accentué une pénurie de candidats pour certains types de postes dans certains domaines (tech, ingénieurs, commerciaux, restauration, service à la personne, santé, etc.).

Certaines de ces professions ne semblent plus attrayantes pour les jeunes. Il est désormais primordial pour les entreprises de recréer du sens autour de ses métiers. Ce qui est possible pour de grandes structures avec des moyens, moins pour le restaurant du coin ou l’agence indépendante de service à la personne du bout de la rue.

2. Le phénome de la quête du sens et les exigences et engagements RSE.

Parmi les études disponibles en France, il en existe de nombreuses démontrant que la pandémie a déclenché une « quête de sens » massive chez les jeunes.

Les jeunes de 20 ans se confrontent à de nouveaux défis, comme « sauver la planète » et lutter contre l'insécurité et les inégalités. La recherche de ces enjeux en milieu professionnel représente un phénomène nouveau dans l'histoire de l'analyse du travail.

Cela explique pourquoi les jeunes actifs d'aujourd'hui ont des attentes plus élevées non seulement vis-à-vis de leur statut, mais aussi vis-à-vis des entreprises, de leur engagement et actions sur les questions sociales et environnementales.

Selon l'enquête BVA (société d’étude et de conseil) auprès de 1 000 Français de 18 à 24 ans en décembre 2021, menée par la Fondation Jean Jaurès et la MACIF, l'entreprise idéale est celle qui aborde les questions environnementales et sociales (29 % de réponse), une entreprise qui lutte contre les discriminations (27 %) et lutte contre les inégalités hommes-femmes (25 %).

Les travailleurs de la génération Z veulent donc se sentir utiles dans leur emploi, et cette « utilité sociale » semble être un «pré-requis absolu» pour plus de la moitié des étudiants et diplômés.

Mais il est clair que l'intérêt grandissant pour les questions environnementales ne concerne plus seulement les nouvelles générations.

Les jeunes professionnels se voient malgré tout confrontés à la dure réalité du monde du travail. Il est parfois nécessaire de répondre positivement à une opportunité et ce même si l’entreprise ne coche pas toutes les cases préalablement édictées.

3. Choix d’entreprise : Les conditions et les avantages de travail.

Les conséquences des confinements consécutifs ont donné lieu à des changements liés au télétravail et aux interactions sociales.

Mais contrairement aux idées reçues selon lesquelles les jeunes sont les plus désireux de travailler à distance, ce sont eux qui souffrent le plus du travail à distance imposé lors des restrictions sanitaires.

Cela peut s'expliquer par le fait que les logements sont souvent exigus et sous-équipés. Les étudiants et les jeunes adultes actifs débutent et ont besoin de plus de soutien pour s'intégrer dans une nouvelle entreprise. De plus, l'interaction sociale est également particulièrement recherchée à cet âge.

Cependant, les jeunes semblent avoir soif de flexibilité dans leur façon de travailler, laissant place à l'idée qu'ils peuvent être productifs en dehors des horaires de travail établis. En effet, selon eux, la technologie existante créée doit pouvoir leur permettre d'être productifs et collaboratifs, peu importe où et quand ils travaillent.

D'autres facteurs tels que l'équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle et plus largement l'ambiance de travail s'imposent comme des prérequis à un emploi.

Selon l'étude BVA, les jeunes cadres souhaitent avant tout un environnement de travail épanouissant (33 %) et une reconnaissance de leur travail (31 %). Et les valeurs les plus convaincantes que les entreprises peuvent promouvoir sont le respect (52 %), l'esprit d'équipe (31 %) et la bienveillance (31 %).

Cependant, d'autres intérêts plus "classiques" comme la rémunération sont encore très courants, et il semblerait risqué pour les entreprises, notamment les plus grandes, de les ignorer au profit d'une seule finalité : "la quête de sens".

En résumé, ces changements dans les attentes professionnelles des jeunes ne sont pas une révélation générationnelle, mais le résultat et l'impact d'expériences partagées à travers des changements culturels, économiques, sociaux, technologiques et historiques.

Tags: Jeunes Travail engagement