Les français sont fa-ti-gués ! En plein spleen ! 71% des femmes et 52% des hommes se disent fragiles*.

Moitié cri - moitié complainte : « Qu’on me foute la paix ! » devient un chant choral. Chacun claque la porte et se recroqueville.

L’horizon désirable ? En faire moins. Moins de boulot. Moins de mail à trier. Moins de dossier à gérer. Moins de collègues à supporter. Moins de réunions à endurer. Moins de temps perdu dans les transports…

Bref… alléger sa vie versant boulot !

Conséquence de cet état d’esprit en dessous de la ligne de flottaison, les services RH et l’encadrement sont à la peine !

Ne secouez pas les collaborateurs ! Ils sont pleins de larmes !

Les entreprises doivent-elles s’occuper de ce sentiment de vulnérabilité ?

Le pont-levis des objections grince en se levant : « Je refuse de materner mes collaborateurs ! Laissons les émotions devant la porte des entreprises !!!! »

J’entends cette exaspération. Et à bien des égards, je peux la partager. Ne sommes-nous pas entre adultes responsables ? Est-ce que chacun ne pourrait pas se prendre un peu en main (pour changer) ?

Je fais corps avec ces valeurs de responsabilité individuelle et d’auto-détermination. Pourtant l’individu, seul, ne peut pas tout. Il baigne dans un système. L’organisation des entreprises et les comportements collectifs ayant contribué à l’installation du problème, ils devront faire partie de la solution.

Organisations, managers… ne rêvez pas : une enclume ne décollera jamais avec la vélocité d’un tapis volant ! Un individu à « zéro de tension » est l’équivalent d’une brique qu’il faut tirer, pousser, cajoler... en espérant… peut-être… la voir avancer. Les risques ? Moins de productivité, de motivation et d’initiatives. Evitement des expérimentations et des responsabilités. Au pire : comportements anti-sociaux, communication et interactions négatives, arrêt de travail, démissions.

Un salarié qui se sent fragile est « naturellement » désengagé, malgré sa bonne volonté.

Emotions, cognitions et comportements sont inséparables. Pour le meilleur comme pour le pire.

L’entreprise a donc tout intérêt à s’occuper de cette situation, et à ne pas balayer les ressentis du revers de la main.

Comment renforcer la solidité émotionnelle des collaborateurs ?

Donner un cap et des points de repères :

Pour pagayer avec enthousiasme, mieux vaut savoir où l’on va. Avoir une direction et une boussole. Faire le point régulièrement sur les avancées. Car personne ne se lève le matin pour tourner en rond comme un poisson rouge dans un bocal sans tain.

Ecouter et traiter les plaintes :

Aussi crispante à entendre qu’une craie sur un tableau noir, la plainte a pourtant des choses à nous apprendre. Cataloguer l’émetteur sous l’étiquette infâmante du « râleur » ou du « résistant au changement » c’est refuser la co-création de la communication.

Partager l’information :

Être dans le noir créé de l’angoisse. L’esprit cherche un os à ronger. Si vous ne donnez pas de grain à moudre à l’imagination de vos équipes, leurs angoisses vont en inventer ! Au fond, si vous n’avez rien à cacher, pourquoi garder des infos par devers vous ?

Manifester de la gratitude et de la reconnaissance :

Les membres de nos équipes ne sont pas des machines. Chacun a des aspirations légitimes à être reconnu pour ses compétences et sa contribution particulière à la marche de l’entreprise. Les primes et augmentations éventuelles ne compensent (ni ne remplacent) le manque de chaleur humaine.

Créer du lien :

Créatures hypersociales, le lien nous est aussi nécessaire que l’air. Des relations de qualité, fondées sur une écoute active sincère et sur des moments de partage sans visée « utilitaire » ont de bonnes chances de faire grimper l’ambiance collective de quelques degrés…bienvenus en ces temps frisquets.

Elaborer des retours sur expérience et en demander pour soi-même :

Le feedback ton ami sera ! Preuve que l’encadrement porte attention au comportement des collaborateurs, les remarques constructives encouragent et motivent. Pourquoi vous en priver ?

De la même façon, encouragez les collaborateurs à s’exprimer (et ne tuez pas le messager) puis prenez en compte ce qui est dit. Le respect se démontre et se gagne, il ne se proclame pas.

Eradiquer les facteurs de stress inutiles :

Le stress est cumulatif. Les petites gouttes finissent par faire couler le navire. Il est temps de jeter une lumière crue sur nos actions individuelles. Sont-elles utiles et fructueuses ? Pourrions-nous agir autrement ? Prenons le temps de nous demander « En quoi est-ce que je contribue au stress du voisin ? ». Et vous concernant, soyez assertif : posez vos limites. Et si un collègue vous presse inutilement, suggérez-lui un autre comportement ou une autre organisation.

Encourager les expériences et favoriser les initiatives :

La meilleure manière de convaincre quelqu’un de ses compétences et de ses ressources... et de l’amener à les expérimenter. A l’inverse, écraser dans l’œuf toute idée nouvelle ou divergente est un excellent moyen de couper les ailes des oisillons. Alors ce nudge il est comment ? étouffoir ou oxygène ?

Encourager les comportements sains :

Mens sana in corpore sano ! Alimentation, sommeil, repos et activité physique sont à la base d’un corps et d’une tête qui fonctionnent bien. Actions de sensibilisation, cours de cuisine, salles de siestes (ou location de chambres à l’heure), tarifs négociés avec des salles… Qu’est-ce qui pourrait faire mouche auprès de votre tribu ?

Un mental à plat et un corps rincé ne peuvent pas déboucher sur un comportement constructif.

Quand le sentiment de fragilité des collaborateurs est aussi élevé qu’aujourd’hui, s’en occuper est une urgence… et certainement pas un luxe !

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*Enquête « Et Maintenant 2 », de février à octobre 2022.

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