Mes « mentors » dans mes activités RH, de manager puis de coach m’ont tous fait passer le même message : avant toutes choses dis d’abord merci aux personnes avec qui tu travailles, pour ce qu’elles font, pour ce qu’ils te disent et pour que ce qu’elles sont.

Si je devais actualiser cette nécessité de dire merci, au regard des évolutions du rapport au travail, je mettrais l’accent sur les points suivants :

Remercier est un antidote de l’invisibilité qui gagne notre monde professionnel

Remercier, c’est reconnaître que derrière toute relation commerciale ou salariale, derrière toute transaction, il y a une personne qui apporte une part d’elle-même dans une prestation.

C’est notamment une manière de lutter contre l’invisibilité des personnes, notamment celles qui rendent des services de premier rang. C’est neutraliser le sentiment d’inutilité qu’elles peuvent éprouver.

Mais l’invisibilité touche aussi d’autres populations. Des personnes travaillant dans des centres de services partagés, sur la base de « tickets de demande », des personnes travaillant derrière les plateformes ont besoin aussi d’être reconnues pour ce qu’elles apportent. La liste n’est pas exhaustive.

Remercier est une manière de développer les soft skills dont nous avons besoin.

La politesse est convenue, le remerciement profond et sincère surprend et il nécessite une bonne dose de courage. Quand j’ose remercier, j’ouvre une nouvelle étape dans une relation sans forcément savoir à quoi elle peut correspondre. Comment le remerciement peut-il être ressenti ? Quel va être le retour de la personne. Ne vaut-il mieux pas rester dans une relation plus anonyme et plus distanciée. Est-ce que je vais utiliser les bons mots ? Chaque fois que je passe ce cap de l’incertitude liée au remerciement, je me donne l’occasion d’approfondir la relation, de créer de l’affiliation, du sentiment d’appartenance.

Remercier est une manière de répondre aux attentes de reconnaissance d’une contribution.

Remercier est une manière de solder de manière équilibrée une relation et de la poursuive, notamment lorsqu’on a plus reçu que donné. L’étymologie de merci, c’est un salaire, un solde, un intérêt, une rémunération. S’il n’y a pas de remerciement, avec la possibilité d’un « je te revaudrai ça », les relations risquent d’être profondément déséquilibrées et impossibles avec le risque de désengagement ou de retrait de la relation. De là à penser que l’absence de remerciement au quotidien est en lien avec la « grande démission »….

Par ailleurs, un merci est utile pour une majorité de personnes que nous côtoyons qui sous estiment leur apport. Elles disent que « ce n’est pas grand-chose », « qu’il n’y a pas de quoi » ou que « ça n’en vaut pas la peine d’être remerciées. Elles ont aussi la crainte de ne pas avoir bien fait, ou de ne pas être à la hauteur si la personne demande plus. Remercier, c’est aussi sécuriser la personne qui vous a rendu service.

Remercier, c’est poser les bases de la coopération nécessaires pour conduire des transformations complexes.

Remercier c’est aussi exprimer volontairement un lien, cela vient souligner le fait que nous sommes interdépendants. Cela nécessite de dépasser son orgueil, c’est à proprement parler s’incliner devant la valeur d’un geste ou d’un comportement.  L’orgueil dit qu’on ne doit rien à personne et qu’on ne va pas s’abaisser à remercier quelqu’un. Remercier c’est reconnaître que rien n’est dû. Quelques soient les moyens dont je dispose, je suis toujours à la merci d’un retournement de situation et j’ai besoin des autres. Remercier, c’est développer les comportements d’aide, des ajustements mutuels qui facilitent la vie professionnelle.

Faut-il s’entraîner à remercier ? Est-ce qu’il y a un apprentissage particulier ?

Comme beaucoup de soft skills, le remerciement demande une sensibilisation, une attention soutenue pendant quelques semaines et l’utilisation de quelques bonnes pratiques qu’il est utile de rappeler. Il s’agit essentiellement de dépasser un biais de négativité qui nous incite à pointer en permanence les risques, les insuffisances. Puis au vu de la dynamique que cela crée, cette pratique se développe ensuite d’elle-même.

Dans les représentations, le remerciement est un attribut des personnes qui exercent une fonction d’autorité et ce qui est attendu des Directions Générales et par extension vis-à-vis des RH, c’est un rôle d’initiateur et de garant de bonne pratiques managériales dont le remerciement.

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