Se tenait en novembre dernier, le sommet de l’inclusion économique. Ce rendez–vous annuel devenu le carrefour des rencontres entre deux mondes : celui des entreprises et celui de la banlieue, fut l’occasion pour beaucoup de rappeler leur attachement à l’égalité des chances. Mais ce fut également l’occasion pour beaucoup de jeunes de banlieue de rappeler à quel point, encore en 2022 il était difficile pour eux de trouver un emploi.

De toutes les thématiques posées, l’une a attiré particulièrement mon attention et m’a amené à y réfléchir : Rentabilité financière et impact social sont-ils des notions incompatibles ?

Il est important de ne pas considérer l’éventuel lien entre rentabilité financière et inclusion économique comme une condition sine qua non pour s’engager dans une quête d’égalité des chances. L’égalité des chances ne peut être pensée comme un simple instrument de la rentabilité financière.

Chaque entreprise doit voir en « l’égalité des chances » l’opportunité de renouer avec sa mission d’inclusion sociale et d’ascensions par le travail. Comme le rappelle Sabeg et Charlotin, l’entreprise en tant qu’instance secondaire de socialisation doit concilier activité économique et mission intégratrice.

Vous l’aurez compris, l’inclusion sociale est une question d’éthique managériale, avant d’être une question financière.

Ce qui nous renvoie bien entendu, au rôle crucial du DRH.

Le DRH a une grande responsabilité en la matière, et ce parce qu’il incarne au moins 4 fonctions :

§ Premièrement, en sa qualité d’acteur clé de la gouvernance des comportement individuels et collectifs , il est la première sentinelle contre les discriminations

§ 2èment, en sa qualité d’acteur clé de la transformation culturelle, il doit faire de l’inclusion sociale un axe central de sa stratégie RH

§ 3èment, en sa qualité dereprésentant au CODIR ou au COMEX des dimensions sociale et sociétale du management ; il doit veiller à ce que la question de l’inclusion sociale et plus largement de l’éthique soit pris en considération dans les débats et les prises de décision.

Interface clé avec la société , le DRH n’est pas là que pour satisfaire l’actionnaire. Il est la légitime représentant de l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise. Et à ce titre, il doit garantir la prise en considération des intérêts de l’ensemble de ces parties prenantes, y compris celles qui ont le moins de pouvoir ; c’est à dire les salariés et les candidats

A mon sens, le DRH plus que quiconque dans l’entreprise est donc investi naturellement de cette mission républicaine en édifiant l’entreprise aux couleurs de la France et au parfum de la performance

Cela étant dit, ne soyons pas dupes : l’égalité des chances sera d’autant promue et recherchée qu’elle est créatrice de valeur économique.

Que la diversité soit une richesse, le célèbre écrivain et aviateur Antoine de Saint-Exupéry en était déjà convaincu . N’écrit-il pas dans Citadelle (1948) : « Si tu diffères de moi, mon frère. Loin de me léser, tu m’enrichis ». Ici, Antoine de Saint Exupéry nous rappelle tout simplement que par nature, les hommes sont tous frères, et donc égaux, quelques soit leurs différences. Cette pensée devenu citation, invite chacun d’entre nous à accepter les différences. Car pour lui la rencontre de l’autre est source de nouveauté et d’enrichissement.

Ce lien entre diversité et richesse se comprend aisément si on se réfère au fameux principe de variété requise ou loi d’Ashby, introduit par Le psychiatre britannique et pionnier de la cybernétique William Ross Ashby (1903-1972). Suivant ce principe, « Plus un système est varié, plus le système qui le pilote doit l'être aussi. »

Que signifie donc ce principe de variété requise?

Mon interprétation est la suivante : une organisation qui veut maitriser son environnement et assurer son développement durable doit être au moins aussi diverse que son environnement. Par exemple, si vous voulez satisfaire vos clients dans toute leur diversité, alors, il faut que vos collaborateurs soient aussi divers que vos clients.

Et bien de nombreuses entreprises l’ont compris, notamment dans les secteurs tels que la restauration, le commerce ou encore les services à la personne. Ce sont des milliers d’entreprises qui ont fait de la diversité une composante forte de leur ADN. Des chefs d’entreprise, aux histoires et parcours divers et variés font de la diversité un élément important de la culture de leur entreprise. Et c’est ainsi que leurs entreprises sont à l’image de la clientèle qu’ils servent.

Lorsque ces chefs d’entreprises recrutent un jeune de cité, ils ne voient pas en lui, l’africain, musulman et banlieusard, mais une femme, un homme biberonné à l’école de la république et dont le parcours professionnel et personnel contribuera à la réussite du projet de l’entreprise. Ils savent également que parmi se trouvent des talents à l’état pure qu’ils contribueront à façonner pour en faire un leader de demain. Preuve que les dirigeants de ces entreprises ont compris que la diversité était synonyme de richesse et qu’à défaut d’avoir lu Ashby et Citadelle ; raisonnent encore en eux ces paroles prononcées par Jacques CHIRAC lors d’un fameux discours du 11 mars 2007 : « Le vrai combat de la France, le beau combat de la France, c'est celui de l'unité, c'est celui de la cohésion. Oui, nos valeurs ont un sens ! Oui, la France est riche de sa diversité ! Oui, l'honneur de la politique, c'est d'agir d'abord pour l'égalité des chances ! C'est de permettre à chacun, à chaque jeune, d'avoir sa chance. … C'est l'une des clés de notre avenir ».

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