La « faiblesse humaine » est un terme d’une autre époque, qui dit quelque chose de ce que nous vivons aujourd’hui en entreprise.

La faiblesse humaine est une des formes de la fragilité, c’est un manque de fermeté, de constance ou de rectitude. C’est une tendance à l’inertie, au non-respect et au détournement des consignes, au moindre effort. Elle est inévitable, qu’elle se traduise par des actes, arriver en retard que par des absences d’actes attendus d’un collaborateur dont le fait de collaborer.

Ce qui veut dire qu’il n’y a aucune certitude que l’affirmation du bien, d’une vision ou des objectifs suffit à éviter des comportements tels que la procrastination, la sous qualité. La force d’inertie, la résistance active à toute modification, la répugnance à sortir de son état habituel, la tendance à persévérer dans la voie habituelle sont l’expression de cette faiblesse humaine.

Une origine possible : je préfère être mon propre geôlier plutôt que d’appliquer quelque chose qui ne vient pas de moi. Cela développe la tendance à la paresse, l’insociable sociabilité. Cela entraîne la lâcheté, la fausseté, l’utilisation de la ruse et de la tromperie.

Ce qui renvoie aussi à une acétie, c’est-à-dire un affaiblissement de la vocation et de l’espérance ce qui renvoie aujourd’hui « à la perte de sens ». Dans l’univers monacal, la vocation peut s’obscurcir, s’éloigner devenir étranger ou alors cette vocation reste présente mais n’entraine aucune action. Les personnes deviennent des somnambules ou des fantômes. L’adhésion aux buts collectifs par pure envie de bénéficier de retombées individuelles est considérée comme une perversité parce qu’elle éloigne d’un idéal commun. La lutte contre un ennemi ne suffit pas à consolider une vertu.

Que faire de ces constats moralisateurs ?

1°) Commencer par soi-même. Les managers et les dirigeants peuvent être aussi atteints par la « faiblesse humaine » et peuvent à un moment ou à un autre avoir des passages à vide et développer des comportements « contreproductifs ». Et on peut voir ceux qui sont sensés poser le cadre le contourner… d’où l’incohérence avec les discours sur l’exemplarité. Ma préconisation : faire « aveu » des moments de faiblesse quand il y en a auprès des équipes. Exprimez auprès de votre équipe ce qui relève de votre faiblesse avant de parler des leurs. C’est une manière de rester crédible pour traiter des sujets liés à la faiblesse humaine qui représentent une bonne part des préoccupations managériales.

2°) Ne pas s’idéaliser ni idéaliser ses collaborateurs. La principale fragilité des dirigeants et des managers n’est-elle pas d’oublier cette faiblesse humaine ? L’avoir en conscience ouvre la possibilité de la surmonter.

3°) Eviter de généraliser la faiblesse humaine ne touche pas tout le monde tout le temps. Oui, il est nécessaire de légiférer. Pour reprendre Platon : « C’est principalement à cause d’eux, cependant aussi parce que je suis en garde contre la commune faiblesse de l’humaine nature, que je vais formuler une loi relative aux déprétateurs de temples et à tous les criminels de même sorte, car ce sont là des maux difficiles à guérir, incurables même. ». Mais à multiplier les codes de bonnes conduites, les règles, les consignes et les process, c’est le meilleur moyen de plonger tous les collaborateurs dans cette faiblesse humaine et à perdre tout plaisir à diriger, manager !

"C'est ainsi qu'il faut profiter des faiblesses des hommes, et qu'un sage esprit s'accommode aux vices de son siècle. " Molière