ADP vient de faire paraitre la 8ème édition de son enquête annuelle « People at Work, l’étude Workforce View », 2023, qui explore les attitudes des salariés par rapport au monde du travail actuel, ainsi que leurs attentes et leurs espoirs concernant l'environnement de travail du futur.

Elle a été réalisée par ADP Research Institute auprès de 32 612 actifs dans le monde, de tous secteurs et tailles d’entreprises, dont 15 290 en Europe, 1 912 en France. Son intérêt réside également dans la comparaison avec les années antérieures successives : une telle comparaison permet en effet de dégager les tendances et les évolutions utiles aux professionnels de la fonction RH – mais aussi aux dirigeants et aux managers –, en s’appuyant sur des données descriptives. Cette édition 2023 fait apparaitre plusieurs lignes de force : vous trouverez un lien de téléchargement en fin d’article.

A la lecture attentive, plusieurs tendances me semblent se dégager, même s’il est avéré que toute analyse garde toujours une part d’interprétation et de subjectivité, surtout portant sur du déclaratif.

Le présent article fait un point sur des tendances majeures, mais les autres ne sont pas moins intéressantes, et nous y reviendrons au fil du temps sur RH info.

Le « retour » de la nécessité financière

Non que la nécessité de gagner sa vie était moins importante avant, mais il est clair que le contexte social et géopolitique – avec une inflation importante et un pouvoir d’achat souvent significativement réduit – a remis cette année le besoin financier au premier plan des attentes. Certes, 66 % des travailleurs en Europe déclarent toujours que le salaire est l'aspect le plus important d'un emploi, mais cette année plus de la moitié des Français (54 %) estiment percevoir un salaire insuffisant, et seuls 26 % considèrent être correctement payés. Un sentiment qu’ils sont loin d’être les seuls à partager : pour exemple, 54 % des Britanniques et 53 % des Allemands témoignent également de leur frustration.

Cette “tension” se double aussi du fait qu’en France près de 4 actifs sur 10 (38 %) – autant que dans le reste du monde – ne ressentent pas de sécurité d’emploi dans leur entreprise ou leur métier actuel. Et 68 % des travailleurs français reconnaissent qu'aucun secteur n'échappera aux effets de l'incertitude économique.

Il y a donc bien là un point de vigilance important pour les entreprises. Les attentes sont fortes en termes d’augmentation de salaire ou de mesures compensatoires pour faire face à la dégradation du niveau de vie, même si en France cet espoir “stagne” à 5,6 % d’augmentation, à peine au niveau de l’inflation (contrairement aux 10 % attendus par les travailleurs polonais, par exemple).

La flexibilité atteint un niveau de « non-retour »

Les impacts des confinements et l’expérience – même parfois maladroite – du télétravail a profondément modifié les pratiques. Désormais, 37 % des travailleurs européens déclarent disposer d’une plus grande flexibilité quant à leur lieu de travail. L’organisation hybride s’est largement généralisée, au point que Benoit Serre, vice-président de l’ANDRH, déclarait samedi 20 mai sur France Inter, dans l’émission “On n’arrête pas l’éco” : « il n’y aura pas de retour en arrière ». Les mentalités ont changé ; les cultures d’organisation aussi. Cela se traduit, entre autre, par le fait que 22 % s’attendent à passer à la semaine de 4 jours dans les 5 années à venir, ce qui est loin d’être insignifiant !

Ceci explique peut-être que la flexibilité, considérée comme plus “normale”, arrive désormais en France en quatrième position (31 %) dans les facteurs de motivation au travail, derrière le salaire (66 %), la sécurité de l’emploi (40 %) et… le plaisir au travail (37 %) ! Révélateur, non ?

Les marges de manœuvre semblent également plus grandes ; par exemple le travail à distance est en train de prendre une place prépondérante à l'international : 1 actif français sur 3 (33 %) déclare avoir déjà déménagé à l'étranger, ou envisage de le faire, tout en continuant à travailler pour son employeur actuel. Sic !

A noter que les travailleurs bénéficiant d’une organisation hybride sont les plus satisfaits de la flexibilité horaire (à 54 %) et de la flexibilité du lieu de travail (58 %), qui semblent leur être désormais acquises ; alors que, paradoxalement, ceux qui sont uniquement en télétravail sont moins satisfaits de leur flexibilité horaire (44 %) et de lieu de travail (50 %) ; ils se sentent également moins en sécurité dans leur emploi (55 %) que ceux qui travaillent en mode hybride (34 %). Ils sont, enfin, plus stressés (82 %) qu’en mode hybride (62 %). Preuve que l’expérience porte des fruits parfois inattendus et que les pratiques de télétravail doivent encore évoluer. La législation aussi, sans aucun doute. Résultat des courses : seuls 7 % des travailleurs français ont envisagé le travail indépendant dernièrement. Ceci me semble révélateur : c’est le taux le plus bas de ces dernières années !

Un optimisme néanmoins persistant

Un constat tout de même étonnant : 75 % des Français interrogés ont déclaré se sentir optimistes pour l'avenir. C’est un peu inférieur chez les plus de 45 ans (67 %), comme on pouvait s’y attendre, mais supérieur chez les 18-34 ans (80 %), ce qui est franchement encourageant et n’allait pas de soi ! Surtout lorsqu’on considère que ces derniers font plus d’heures supplémentaires non rémunérées par semaine que leurs ainés : 6h52 contre 4H42. Les Français demeurent tout de même moins optimistes que le reste du monde, qui affiche un score global à 87 %. Sans commentaire 😉 !

D’autres tendances en perspectives…

Tous ces éléments devraient inciter les entreprises à valoriser leurs salariés, à les impliquer dans la vie de leurs entreprises et à les considérer en tant que personnes qui ont besoin d’équilibre personnel et financier ; sans compter les valeurs d’égalité – les disparités salariales entre femmes et hommes demeurent malheureusement une réalité avérée –, de diversité et d’inclusion si importantes pour eux aujourd’hui.

Nous y reviendrons dans nos prochains articles.

People at Work 2023 : l'étude Workforce View

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Tags: Workforce View Perception des salariés Expérience collaborateur

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