La toxicité en milieu professionnel est un fait de plus en plus documenté. Des médias aux psychologues du travail en passant par les coachs en entreprise, de nombreuses voix nous alertent régulièrement sur les comportements néfastes en entreprise et leurs conséquences sur la santé des employés. 

Perte de confiance en soi, diminution de la capacité de concentration, crises d’angoisse, isolement, dépression, les répercussions des relations toxiques sur les personnes touchées sont multiples. Pour déterminer les meilleures façons de lutter contre ce fléau de la vie professionnelle, il faut d’abord l’examiner pour comprendre quels sont les signes des collègues toxiques et comment leurs comportements nous atteignent. C’est dans cette optique que le site monCVParfait a réalisé une enquête auprès de 1 038 participants. 

Toxicité au travail 

Les comportements toxiques les plus courants

Selon l’étude, 90 % des personnes interrogées apprécient leurs collègues de manière générale. Cependant, 80 % disent subir le comportement toxique d’un ou plusieurs de leurs collègues, prouvant que ce phénomène est largement répandu. Les participants ont été invités à recenser les types de comportements dont ils sont victimes. Le commérage arrive en tête de liste. Les employés ayant une attitude systématiquement négative font également partie des collègues de travail toxiques les plus fréquemment rencontrés. Le podium est complété par les employés qui s’attribuent tout le mérite des succès, mais font porter toute la responsabilité à leurs collègues en cas d’échec. Parmi les autres comportements toxiques plus rarement cités, on trouve l’intimidation, les absences et les retards répétés et la microgestion, cette pratique managériale qui consiste à exercer un contrôle étroit sur l’activité des employés.

Les résultats de l’étude suggèrent que la toxicité au travail se manifeste le plus souvent par des comportements du quotidien qui ne dénotent pas directement l’hostilité. Une relation professionnelle toxique peut donc être difficilement identifiable même par la personne qui la subit.

Les multiples effets des collègues de travail toxique

Quelle que soit leur forme, ces comportements entraînent des conséquences délétères sur la santé mentale et les capacités professionnelles des employés. En effet, plus de 80 % des personnes interrogées indiquent que la toxicité de leur environnement de travail nuit à leurs capacités. L’effet le plus couramment mis en avant par les employés est une diminution de la patience (73 %). Viennent ensuite la détérioration de la motivation (69 %) et l’augmentation du niveau de stress (67 %). C’est la fameuse « boule au ventre », que l’on retrouve dans de nombreux témoignages de victimes de relations professionnelles toxiques. Les participants à l’enquête affirment également que les comportements de leurs collègues toxiques ont un effet négatif sur leur capacité de concentration (65 %). 

On le voit, les effets de la toxicité au travail sont nombreux et peuvent influencer considérablement la carrière des personnes touchées. Ainsi, près des trois quarts des participants à l’enquête disent avoir déjà envisagé de démissionner. La même proportion affirme avoir déjà quitté un emploi, notamment en raison des comportements toxiques rencontrés.

Face à l’importance de ce phénomène, il convient de s’interroger sur les moyens de lutte contre la toxicité en milieu professionnel.

Le télétravail, une fausse bonne idée ?

Les collègues désagréables 

La crise sanitaire de 2020 a placé le télétravail sur le devant de la scène. Un rapport de l'Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) montre que la proportion des salariés ayant pratiqué le télétravail entre mars 2020 et mars 2021 a pu atteindre les 25 %. En 2017, elle n’était que de 7,2 % et concernait majoritairement les cadres. L’augmentation de la distance vis-à-vis du milieu professionnel entraînée par cette pratique amène naturellement à s’interroger quant à ses effets possibles sur la toxicité au travail.

Les conclusions de l’enquête sur ce point dressent un bilan mitigé. Si 41 % des participants affirment que leurs collègues sont moins désagréables en situation de travail à distance, 29 % ont remarqué au contraire une augmentation des comportements néfastes ; la même proportion dit n’avoir constaté aucune évolution en matière de toxicité. L’enquête met également en lumière des comportements problématiques propres au travail à distance, liés pour la plupart à l’utilisation des moyens de communication. Les personnes interrogées décrivent deux comportements extrêmes : d’une part, la multiplication excessive des réunions en ligne, des appels et des messages ; d’autre part, l’absence de réactivité de certains employés considérés comme des « collègues fantômes ».

Les pires comportements au travail 

Ces résultats concordent avec d’autres études, qui pointent du doigt d’autres effets néfastes du télétravail. Dans un rapport sur le sujet, la Fédération des Intervenants en Risques Psychosociaux (FIRPS) explique que la distance peut être un frein à la cohésion d’équipe et la fidélisation des employés, en particulier lors de l’intégration de nouveaux collaborateurs. De plus, le télétravail peut exacerber les difficultés des personnes en situation d’isolement ou de détresse humaine et sociale, notamment les personnes en situation de précarité, mais également les victimes de violences conjugales. Dans certains cas, cette rupture avec un cadre professionnel clairement établi peut favoriser les addictions. Ainsi, selon le rapport, « 60% des professionnels de services de santé au travail déclarent que le télétravail est un facteur de risque sur les consommations de substances psychoactives. » Cependant, ces substances ne sont pas les seules à faire l’objet d’addictions. Celles-ci peuvent pareillement porter sur le numérique ou le travail lui-même. En effet, l’étude de la FIRPS montre que la distance entraîne une invisibilisation du travail accompli. Celle-ci peut provoquer un sentiment de manque de reconnaissance, que les employés compensent par un surinvestissement.

Le télétravail semble aussi creuser les inégalités de genre en milieu professionnel. Un rapport du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes sur ce point montre que les femmes disposent moins souvent que les hommes d’une pièce dédiée au travail ou d’un équipement adapté. De plus, selon une étude réalisée pendant le premier confinement, les femmes sont plus souvent interrompues que les hommes en télétravail. Le rapport met également en évidence la double journée de travail. Si le télétravail a donné lieu à une plus grande prise en charge des tâches domestiques par les hommes, la répartition de ces activités reste profondément déséquilibrée et le télétravail peut augmenter la charge mentale des femmes en les confinant à leur domicile.

Quelles autres solutions contre les collègues toxiques ?

Si le télétravail ne constitue pas toujours un moyen efficace de lutte contre les collègues de travail toxique, quelles solutions nous reste-t-il ?

Si l’on en croit les résultats de l’enquête de monCVParfait, la démission est une option fréquemment envisagée. S’il s’agit d’un moyen de rompre définitivement avec un cadre professionnel toxique, il n’est pas à la portée de tout le monde, puisqu’il peut entraîner une situation de précarité parfois difficilement réversible.

Une autre stratégie consiste à instaurer une distance relationnelle avec un ou une collègue problématique et se contenter d’échanger des informations strictement professionnelles. Cette prise de distance peut être associée à une focalisation sur son propre bien-être.

Enfin, la communication est un autre moyen de sortir d’une situation professionnelle toxique. C’est en tout cas une option largement favorisée par les participants à l’enquête ; 84 % d’entre eux ont déjà discuté avec un collaborateur pour lui signaler son comportement problématique. Néanmoins, il est important de faire preuve de retenue et de diplomatie au risque de devenir soi-même un élément toxique. De nombreux psychologues du travail recommandent ainsi de faire appel à sa hiérarchie. Les managers ou les chefs d’équipe peuvent jouer un rôle de médiateur et permettre une résolution pacifique de la situation. C’est d’ailleurs le choix de 79 % des participants !
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Sources :

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