Il est certes facile d’opposer des temps distincts où l’homme travaille et ne travaille pas sous les noms de « vie professionnelle » et de « vie privée ». Il paraît qu’un certain cloisonnement serait même de bon augure pour préserver l’un comme l’autre, l’un vis à vis de l’autre : dans son aspect performant pour le premier, dans la détente réparatrice supposée du second. Mais dans la réalité ce n’est pas si facile et chacun peut s’interroger sur la plus ou moins grande facilité qu’il y a à opérer ce cloisonnement… ou sur la difficulté à quitter son travail, même une fois rentré « chez lui » !

En fait, nous nous trouvons ici au cœur d’une interaction constante et profonde : il est avéré que l’équilibre personnel rejaillit sur le travail et sur la manière dont il est vécu dans l’entreprise. Mais la réciproque est absolument vérifiable ! On peut ainsi obtenir des cercles vertueux… ou vicieux ! C’est comme l’histoire de la poule et de l’œuf. Si bien qu’à part dans des cas très particuliers de déséquilibre strictement privé, jamais une entreprise ne peut se laver les mains de la réalité vécue par ses employés.

Quant à dire que la vie professionnelle n’est constituée que de contraintes et la vie privée d’une liberté et d’une autonomie complètes, il y a plus loin qu’il n’y parait ! Pour certains, ce serait même plutôt le contraire !

Chacun peut percevoir la nature des questions qui se posent : les formes actuelles de travail permettent-elles à l’homme de se réaliser, ou doit-il chercher ailleurs ce qui peut lui apporter satisfaction et plaisir ? Cet « ailleurs » semblerait alors se situer dans le temps et l’espace où il ne « travaille pas », utilisant simplement son travail comme un moyen pour arriver à des fins personnelles, toutes autres. A l’inverse certains pourront considérer le travail comme seule forme de réalisation de soi-même et comme source essentielle de plaisir et de satisfaction. Dans un cas comme dans l’autre, de multiples facteurs sont à prendre en considération, qui sont d’abord personnels à chacun, mais qui peuvent aussi dépendre de la qualité du travail exécuté, ou des conditions dans lesquelles ce travail se réalise. Il est vrai que certaines de ces conditions peuvent laisser sceptique sur la qualité de l’épanouissement personnel qu’elles peuvent engendrer...

Au travail, et presque indépendamment de son exercice réel, correspondent en fait une multitude de représentations différentes, dépendantes en partie de la manière dont il est venu s’« insérer » dans l’économie psychique de chacun. Peut-il exister un moyen terme, où finalement l’homme puisse être heureux à la fois dans son travail et dans ce qu’on peut appeler sa vie privée ? Question plus essentielle : faut-il absolument distinguer vie professionnelle et vie privée, même si leur espace et leur temps sont théoriquement radicalement séparés ? On sait bien que la problématique se trouve aujourd’hui au cœur des politiques de motivation et de fidélisation dans les entreprises.

Nous n’avons qu’une vie !

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