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Technologies RH

Pour une intelligence artificielle au service de l’homme !

IA et management

L’IA modifie considérablement ce que vivent les collaborateurs dans leur quotidien. Pour profiter des apports inégalés de l’IA, deux ingrédients sont nécessaires : la maîtrise par chacun des outils d’IA et a minima des logiques qu’ils sous-tendent, la confiance dans l’IA ainsi que dans les outils et processus de décision qui l’intègrent. Dans les deux cas, des facteurs humains sont au centre du jeu.

L’intelligence artificielle omniprésente

Plus qu’une discipline autonome, l’intelligence artificielle permet de simuler certains traits de l’intelligence humaine. Ce qui la rend unique repose sur trois éléments : une capacité à percevoir l’environnement et à prendre en compte progressivement la complexité du monde réel, un traitement de l’information inégalé en termes de volume de collecte et de qualité dans l’interprétation des données, la réalisation d’objectifs précis aidant aux prises de décision.

L’IA introduit un nouveau rapport au travail, car elle assure certaines activités auparavant réalisées par l’homme, parfois plus vite et mieux que lui, et génère dans le même temps d’autres activités humaines. L’intelligence artificielle n’aura pas seulement remplacé la force humaine en 2030, mais aussi une part des éléments que l’on pensait faire partie du propre de l’homme, comme la connaissance, l’analyse et une part du raisonnement.

Quelle sera la valeur ajoutée de l’être humain par rapport à l’intelligence artificielle ? La proximité, l’intelligence des situations, l’initiative ou la gestion fine des émotions émergent aujourd’hui comme des constituants majeurs des nouveaux modèles organisationnels et managériaux.

Des RH encore plus décisives demain

En faisant effectuer demain par la machine une partie des activités aujourd’hui réalisées par les collaborateurs, l’entreprise va pouvoir réduire leur coût. Ce pessimisme omet le corollaire de toute révolution technologique. Avec l’alignement des différentes organisations sur des périodes courtes dans l’utilisation de technologies de même nature, la différence concurrentielle ne se fera pas sur cette dimension. Elle résidera dans la capacité d’une entreprise à repositionner la valeur ajoutée de son capital humain à l’occasion de la recomposition de l’activité permise par les technologies. Si l’intelligence artificielle affranchit les collaborateurs de tâches simples, ceux-ci peuvent être réaffectés à un tout autre niveau sur les demandes complexes et la qualité de la relation.

Les technologies doivent bien sûr être utilisées pour gagner en efficience sur les activités qui ne créent pas de valeur, mais pour ce qui est du cœur de l’activité, l’entreprise fait face à un vrai choix. Sur ces activités qui lui permettent de marquer des points, son objectif premier est-il là aussi de réduire les coûts ou au contraire d’utiliser les moyens dégagés pour créer davantage de valeur ? L’intelligence artificielle permet un repositionnement vers le haut de la valeur ajoutée apportée par l’homme. Cette démarche met en évidence que c’est en combinant et en articulant l’intelligence artificielle et les apports humains que l’entreprise renforce ses avantages concurrentiels.

Les conséquences sur la structure d’emploi

Adopter cette approche suppose que l’entreprise dispose des compétences nécessaires à cette « augmentation de l’activité ». L’anticipation de ces besoins sera cruciale pour que ces compétences soient disponibles quand l’activité le requerra.

Le débat s’est jusqu’ici focalisé sur un enjeu : quel sera le solde net des créations et suppressions d’emplois générées par l’intelligence artificielle ? Une fois de plus, la réflexion se centre en premier lieu sur la quantité de travail, plus que sur son contenu. Ce débat sur le solde net est essentiel pour les politiques publiques, mais moins pour l’entreprise. Néanmoins, il pourrait le devenir si elle n’anticipait pas ces enjeux et ne prenait pas en amont les mesures de transformation qui s’imposent à elle.

Le Fond monétaire international (FMI) considère que près de 40 % des emplois dans le monde seront affectés par des technologies d’IA et qu’environ la moitié d’entre eux pourraient en tirer parti pour accroître la productivité.

Il est probable que les emplois les plus sécurisés face à l’IA soient ceux qui disposent d’une forte complémentarité avec l’intelligence artificielle. Il s’agit des postes à responsabilité élevée, comme les médecins, chirurgiens, consultants, experts. Parmi les emplois les plus exposés figurent les emplois commerciaux ou administratifs. Les emplois comprenant des activités linéaires et relativement basiques, avec une faible variation et peu d’interactions sociales, seront remplacés par des bots informatiques incorporant de l’IA. Ainsi, 2,3 % des emplois dans le monde, soit 75 millions, pourraient finir par être intégralement automatisés.

Dans le cadre d’une enquête mondiale conduite en 2024, PwC a analysé plus d’un demi-milliard d’offres d’emploi de quinze pays (plus de 30 % du PIB mondial) afin d’identifier empiriquement l’impact de l’IA sur les emplois. Dans les métiers exposés à l’IA, de l’enseignement à l’informatique, le nombre d’offres d’emplois continue de croître mondialement en 2024, mais plus lentement. L’IA n’annoncerait donc pas une ère de pertes d’emplois, mais plutôt une croissance ralentie de l’emploi.

Pour ce qui concerne la France, la part et le nombre d’offres d’emploi exigeant des compétences liées à l’IA ont considérablement augmenté en cinq ans. Alors qu’en 2018 on catégorisait 11 000 offres en lien avec l’IA, ce chiffre a été multiplié par 7 et est passé à 77 000 offres en 2024.

La révolution industrielle en cours, tout comme les précédentes, entraîne la suppression d’emplois devenus peu productifs pour les remplacer par des emplois qui le seront davantage. Mais ces mêmes études occultent un autre mouvement : la création massive d’emplois peu qualifiés.

En effet, certains dispositifs d’intelligence artificielle nécessitent la substitution des humains aux machines lorsque celles-ci ne sont pas en mesure de fournir une réponse efficace. Ce besoin illustre le « paradoxe de Moravec », selon lequel les raisonnements complexes sont plus faciles à reproduire que certaines activités simples. Or, la standardisation de ces activités fait du micro-travail un descendant direct du taylorisme. En allant des plus réguliers aux occasionnels, les « travailleurs du clic » étaient environ 250 000 en France en 2025.

Les deux mouvements contraires de hausse du niveau des compétences requises et de développement du micro-travail conduiront dans les prochaines années à une montée en qualification d’une partie de la population plutôt préparée à cela et, à l’inverse, à une déqualification d’autres profils. La tranche moyenne de la population est, quant à elle, particulièrement exposée au risque de voir son activité préemptée par l’intelligence artificielle.

L’adoption de l’ia, un enjeu au cœur des responsabilités rh

L’adoption de l’IA au travail est, en 2025, un enjeu important pour toutes les entreprises. Or, si en France un nombre croissant de personnes mobilisent l’IA dans leurs activités personnelles, pour des travaux de relecture, des tâches administratives, des questions juridiques ou pour générer des histoires ou des images créatives, peu l’utilisent au travail.

En 2024, 52 % des salariés français n’avaient jamais utilisé d’outils d’IA générative au travail. Et l’usage professionnel quotidien ne concernait que 7 % des salariés français. Nous sommes donc loin aujourd’hui d’une appropriation massive.

Selon l’enquête de PwC précitée, les salariés qui utilisent l’IA générative (GenAI) quotidiennement perçoivent davantage ses impacts, ses limites et ses atouts. Ils se préparent d’autant mieux aux transformations qu’elle porte. Les rares utilisateurs quotidiens de l’IA au travail anticipent nettement mieux que les autres ses bénéfices comme les risques qu’elle génère : ils pensent qu’elle augmente les préjugés et fournit des informations parfois trompeuses (+ 18 % se méfient par rapport la moyenne des salariés en France), mais ils constatent aussi les atouts de son usage dans le développement de leurs compétences (+ 25 %) et la qualité du travail produit (+ 29 %). D’ici 2030, l’enjeu réside bien dans l’approche critique et l’usage éclairé de l’IA par tous, sans jamais surestimer la qualité de cette technologie. Car l’IA reste largement faillible, au-delà des biais qu’elle incorpore. Les exemples d’usages de l’IA destructeurs de valeur sont nombreux.

La nécessité d’un questionnement business et éthique

En se substituant à l’homme dans la réalisation de certaines tâches, l’intelligence artificielle ouvre un choix à l’entreprise : se contenter de réduire ses coûts ou entrer dans la démarche d’augmentation que nous avons décrite. Le questionnement est également de nature éthique. Les technologies peuvent dans certains cas conduire à une forme de soumission de l’humain à la machine : formulaires informatiques, outils digitaux contraignant le travail, management par les algorithmes. La robotisation constitue également un champ de préoccupations dans lequel se croisent ses potentialités et les inquiétudes. D’autant qu’émerge la possibilité future d’un « homme augmenté », notamment par l’IA, qui pourrait être connecté par implant aux objets de son travail ou environnement pour décupler ses capacités cognitives.

Le questionnement de l’entreprise doit également être de nature méthodologique. Le marché actuel des outils numériques, notamment celui des applications s’appuyant sur l’intelligence artificielle, est guidé et structuré par l’offre. La réponse packagée par le fournisseur technologique est présentée comme réglant de façon quasi magique la problématique à traiter. Dans de trop nombreux cas, la solution est adoptée par l’entreprise avant que le besoin n’ait été analysé et, bien entendu, que l’efficacité n’en ait été démontrée. En arrière-plan, une foi en la toute-puissance de la technologie se combine au sentiment de faillibilité de l’humain.

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