La santé “mentale” est une composante essentielle de notre santé générale. Elle est définie par l’OMS comme étant “ un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive et d'être en mesure d'apporter une contribution à la communauté ”. La santé mentale au travail est donc un pilier essentiel de l’équilibre global des actifs.

En continuant à analyser les données de la 7ème édition de l’enquête annuelle de ADP Research Institute [1] , « People at Work 2022, l’étude Workforce View », qui explore les attitudes des salariés par rapport au monde du travail actuel, ainsi que leurs attentes et leurs espoirs concernant l'environnement de travail du futur, on ne peut qu’être frappés par des chiffres inquiétants : le stress au travail concerne 67 % des travailleurs dans le monde au moins une fois par semaine, et 53 % d'entre eux – un nombre alarmant – pensent que leur travail pâtit d'une santé mentale en détresse.

En France, ce sont 64 % des salariés qui ressentent ce stress hebdomadaire ; mais plus significatif encore, c’est le cas pour 74 % des jeunes de 18 à 24 ans (contre 62 % des 25 ans et plus). S’il est légitime de penser que les premiers emplois s’accompagnent d’un effort d’adaptation somme toute assez normal, il reste alarmant que les répondants estiment que cela finisse par affecter leur santé mentale. Il y a en effet une différence fondamentale entre un stress lié à l’apprentissage de nouvelles exigences organisationnelles et relationnelles et un stress qui atteint l’identité et le dynamisme de la personne elle-même ! Comment penser que ce n’est pas, dès lors, tout le rapport au travail qui se trouve altéré dans la conception que ces jeunes —et moins jeunes — s’en font désormais ? D’autant que parmi ces 64 % de salariés qui ressentent en moyenne du stress « au moins une fois par semaine », près de 20% le ressentent deux à trois fois par semaine et 22 % tous les jours !

Information supplémentaire intéressante : alors que certains pensaient que les salariés en télétravail se la coulaient douce (Sic !), l’enquête révèle qu’en France, le ressenti de stress au moins une fois par semaine affecte 70 % télétravailleurs, contre 58 % de leurs collègues sur site. Etonnant, non ?

Bien entendu, il semble assez normal que le travail à distance ait rendu plus difficile la détection par les managers des « signaux faibles » au sein de leur équipe concernant la gestion du stress. Et de fait, 54 % des télétravailleurs pensent que les managers sont moins susceptibles de repérer les membres de leur équipe qui font face à des problèmes de charge de travail, de stress ou de santé mentale lorsque l’activité professionnelle est exercée à domicile plutôt qu’au bureau.

La cause invoquée en premier, pour 24 % des répondants, sont des journées de travail jugées trop longues, ne leur permettant pas de bénéficier d’un équilibre satisfaisant entre leur vie privée et leur vie professionnelle. D’autant qu’il semble constatable qu’avec le télétravail, les heures supplémentaires explosent, dans la majorité des cas non rémunérées, surtout dans le contexte de la pandémie, selon la même enquête People at Work 2022 citée par Capital. Viennent ensuite comme cause de stress des responsabilités accrues (22 %), et des craintes liées à la sécurité de l’emploi (20 %).

Ceci explique sans doute que les initiatives les plus fréquemment déployées par les employeurs pour veiller à la bonne santé mentale de leurs collaborateurs tournent autour d’une communication plus fréquente avec leurs salariés (26 %), un droit à la déconnexion garanti après les heures de travail (18 %), l’accès à des conseils spécifiques pour mieux gérer leur stress et leur charge de travail (16 %).

Il reste néanmoins que 33 % des salariés constatent que leur employeur ne prend aucune mesure pour favoriser leur bien-être mental, et qu’ils trouvent plus de soutien auprès de leurs collègues (59 %) qu’auprès de leur manager (49 %)

Ceci rejoint les paradoxes que j’avais évoqué dans un précédent article. Entre un certain optimisme sur leur emploi à cinq ans, qui les amènent parfois à démissionner un peu trop vite en pensant trouver mieux (lire à ce sujet l’étude relayée par le HuffPost)… et les difficultés qu’ils éprouvent au quotidien… il y a de quoi devenir fou !
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[1] Cette enquête a été réalisée auprès de 32 924 salariés dans le monde, de tous secteurs et tailles d’entreprises, dont 15 683 en Europe et 1951 en France. Son intérêt réside également dans la comparaison avec les années antérieures successives.

People at Work 2022 : l'étude Workforce View

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Tags: Santé mentale Stress Fidélisation

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