Management et leadership en entreprise
La gestion des informations stratégiques
La considération de ce que représente les informations stratégiques et leur exploitation a considérablement évoluée au cours des dernières années. Les technologies et l’intelligence artificielle générative ont peu à peu fait voler en éclat toutes les barrières traditionnelles. Un outil commun sous toutes les latitudes permet véritablement communauté et échanges en temps réel, dans tous domaines, sans que personne ne puisse plus en empêcher le développement ; sans que personne ne sache plus contrôler ni brider efficacement le système, au delà des questions actuelles de régulation. Il a pris non seulement son autonomie, mais aussi une certaine indépendance. Réellement et potentiellement, toute l’information s’y retrouve, s’y concentre et s’y diffracte.
De ce fait, l’information est plus que jamais au cœur de la guerre économique – plus exactement elle en est le « nerf » –, et sa gestion est partie prenante de la "gestion des connaissances" d’une entreprise. A l’ère des réseaux et de l’immatériel, c’est en effet la valorisation du capital d’information et de savoirs qui procure un avantage compétitif à l’entreprise.
La portée de cette valorisation ne s’entend pas uniquement du point de vue de l’actionnaire, mais plus en amont, du point de vue de la stratégie de l’entreprise. Il est à remarquer que la stratégie n’a pas, dans ce contexte, un sens univoque :
- Ce peut être d'abord la stratégie actuelle de l'entreprise, celle qui entend structurer les activités présentes, dans leurs définitions et dans leurs développements, se présentant comme un plan établi, une "carte", permettant de situer une action dans un référentiel clairement circonscrit.
- Ce peut être la projection d'un devenir global de l'entreprise, de l'objectif qu'elle vise à moyen ou long terme, sans forcément reposer sur des plans d'actions déterminés et dûment communiqués. Cette simple finalité stratégique veut se présenter comme une boussole permettant d'orienter l'ensemble des actions dans une direction délibérée.
- Ce peut être la définition d'une politique sectorielle, présente ou future, de l'entreprise : stratégie financière, stratégie commerciale pour telle ligne ou tel produit, politique technologique, politique de gestion des ressources humaines…. Ces orientations spécifiques se présentent alors comme un itinéraire propre permettant de cibler certaines actions de manière systématique.
- Ce peut être enfin le système cohérent des structurations et des actions qui sont qui seront élaborées, définies et exécutées à partir de l'état présent de l'entreprise, en vue d'une perspective stratégique générale. Cette perspective permet de faire jouer une complémentarité et une interaction des décisions prises, en fonction de la mise en système des environnements internes et externes de l'entreprise.
En ce sens, entrent pleinement en jeu, dans les choix stratégiques, les hypothèses que l'acteur fait sur les stratégies de ses concurrents, de quelques types qu'ils soient. Ceci suppose qu'une part des ressources et des moyens, des connaissances et des réseaux dont disposent les décideurs soit affectée à l'observation et au discernement des stratégies concurrentes. Il est souhaitable, dans cette perspective de nouvelle "veille stratégique", d'identifier des questions clés à mettre sous surveillance en fonction des contextes, pour passer d’une observation quantitative à un recueil qualitatif : ce peut être l’apport considérable de l’I.A..
Par ailleurs, cette véritable gestion stratégique de l'information doit intégrer les deux dimensions déterminantes du mouvement et du temps. Le mouvement prend en compte l'évolution des forces en présence et la direction dans laquelle elles sont susceptibles d'évoluer ; le temps apprécie la vitesse à laquelle ces évolutions peuvent s'effectuer. La complexité réside évidemment dans la multiplicité des évolutions possibles et la variété des vitesses de leurs différents développements.
L’identification des « points clés qualitatifs de l’information » – les « bonnes » questions à poser à l’IA – est sans nul doute l’objet de la gestion des informations stratégiques de demain.
