Le DRH, faire autorité et les soft skills !

« Une cuillère suffit » Maxwell[1]
Faire autorité est la relation humaine ce que la cuillère est à la préparation du café soluble selon Maxwell, il est en effet inutile d’en rajouter. L’injonction énoncée pour faire consommer le café soluble repose sur la simplicité et la commodité en un mot l’efficience.
Faire autorité procure le même résultat. Il suffit de dire pour avoir raison. Nul besoin d’ajouter une liste interminable de considérations en termes d’arguments, de preuves de déclarations… Il s’agit de la dialectique restreinte à l’énoncé du propos destiné à faire autorité. Les soft skills, notamment l’art oratoire, présentent les moyens pratiques pour obtenir ce résultat.
Les conditions de la réussite nous sont proposées par Arthur Schopenhauer[2] avec le stratagème XXX, par Hannah Arendt[3]dont la profession est la théorie politique et par Max Weber[4] qui analyse l’économie et la société.
Faire autorité et les soft skills, oui, mais quoi ?
« La définition est le point de départ de toute compréhension » Descartes[5].
La notion d’autorité fait référence à différentes acceptions dont il est prudent de prendre connaissance pour éviter les amalgames, les interprétations et les fausses inférences. Elle présente des définitions différentes que nous pouvons classer en deux catégories : la première qui utilise au choix la force, la domination, la contrainte, l’autoritarisme, le pouvoir, l’autorité, la coercition pour être autoritaire et la seconde qui fait utilise l’acceptation volontaire, la crédibilité, le respect, la confiance… Il convient de garder en mémoire cette différence fondamentale et de s’y référer.
Le précepte de faire autorité désigne l’usage d’un principe qui permet à une personne, à un texte, à une idée d’être spontanément reconnu comme ayant une légitimité dans un domaine particulier. Cela implique l’inspiration des valeurs comme le respect, la confiance, la légitimité et l’adhésion pour être reconnu comme référence incontestable.
Ce précepte est central en philosophie politique, en droit et en épistémologie par l’étude de la connaissance en général.
Le concept de faire autorité a pour socle la légitimité, la reconnaissance sociale, l’expertise de la personne, lé réputation, l’influence charismatique, le statut. Il repose également sur les sources, les règles et les références officielles académiques, scientifiques de ce qui est énoncé. Faire autorité c’est être reconnu comme une référence fiable et influente, fondée sur la légitimité du propos, indépendamment de sa forme d’expression.
La méthode pour « faire autorité » désigne une manière organisée et structurée. Elle repose sur des étapes claires qui le disputent à un raisonnement logique. La méthode utilise les paramètres suivants :
- Acquérir une expertise incontestable, il convient d’investir du temps dans l'apprentissage approfondi du domaine en question par des études, des certifications et/ou une expérience pratique significative maintenue à jour des évolutions.
- Maitriser l’art oratoire pour transmettre le contenu de manière compréhensible et convaincante sur la base de fait, de raisonnement logique et l’argument d’autorité.
- Inspirer confiance et accréditer son expertise pour construire sa crédibilité[6]. Cette méthode propose 2 facteurs de succès : la démonstration de l'expertise et le développement du climat de confiance, portés par 4 principaux paramètres influençant les 2 facteurs de succès : la compréhension du problème du client (95%), l'implication (91%), la réalisation d'actions similaires (86%) et la démonstration des méthodes utilisées (77%). La mise en œuvre de ces quatre paramètres utilise les 4 phrases débutant par : J’ai compris… / Je suis motivé… / J’ai déjà réalisé des situations semblables… / Je maîtrise les méthodes pour…
- Développer sa réputation pour obtenir l’opinion favorable, la notoriété auprès des personnes concernées. La réputation prend attache à la personnalité par l’honorabilité, la renommée et la moralité sans faille.
- Être de bon commerce et de commerce agréable par l’utilisation de l’étymologie latine du mot commercium par son aspect relationnel, être en relation, en rapport psychoaffectif positif. Cela permet d’utiliser avec succès la deuxième acception du mot commerce pour faire des affaires, négocier…
Chaque point de la méthode doit faire l’objet d’un travail constant pour persévérer.
Faire autorité et les soft skills, oui, mais comment ?
« Il faut agir comme un homme de pensée et penser comme un homme d'action » Bergson[7].
Arthur Schopenhauer, rédige en 1830 un traité philosophique qui développe l’art de la controverse sous le nom de : L’art d’avoir toujours raison / Die Kunst, Recht zu behalten, publié en 1864 sous le nom de la La Dialectique éristique / Eristische Dialektik. Il écrit dans son introduction : « …J’ignore si quoi que ce soit a déjà été fait dans ce domaine, bien que j’aie fait d’amples recherches. Nous sommes sur un champ toujours en friche. Pour réaliser notre objectif, il nous faut donc nous baser sur notre expérience en observant comment tel ou tel stratagème est employé par un camp ou l’autre au cours des débats qui surviennent souvent dans notre entourage… ».
Il présente dans la liste de ses stratagèmes celui qui possède le plus de puissance de persuasion, le Stratagème XXX dit argument d’autorité l’argumentum ad verecundiam. Celui-ci consiste à faire appel à une autorité plutôt qu’à la raison, et d’utiliser une autorité appropriée aux connaissances de l’adversaire. Unusquisque mavult credere quam judicare dit Sénèque[8] (dans De vita beata, I, 4) « et il est donc facile de débattre lorsqu’on a une autorité à ses côtés que notre adversaire respecte ».
Il présente également dans son œuvre considérée comme magistrale Le Monde comme Volonté et comme Représentation[9] une idée majeure : la volonté. Il considère que la volonté est une force majeure, fondamentale qui est le moteur de toutes les actions humaines avec comme corolaire la génération d’une insatisfaction potentielle dans le cas où le désir n’est pas accompli.
Hannah Arend souligne que l'autorité repose sur la légitimité et le respect, tandis que le pouvoir est une capacité collective d'agir, et la violence est coercitive et destructrice. Elle souligne que l'autorité est intrinsèquement liée à la tradition et à la reconnaissance collective. Elle ne peut exister sans un consentement et un respect partagés.
Max Weber décrit que l'autorité repose sur une croyance partagée en sa légitimité. Cette légitimité peut être enracinée dans la tradition, le charisme ou un cadre légal et rationnel. Il établit un lien essentiel entre les valeurs de responsabilité, les valeurs de conviction et sa conception de l'autorité. Les valeurs de convictions correspondent à l'idée que les actions doivent être guidées par des principes éthiques ou des idéaux absolus. À l'inverse, les valeurs de responsabilité mettent en avant l'obligation d'agir en tenant compte des conséquences liées à la fonction. Weber montre que les dirigeants, quelle que soit la forme de leur autorité, doivent équilibrer leurs convictions et leur responsabilité pour maintenir leur légitimité et leur efficacité.
Et les soft skills ? Pour faire autorité dans l’univers des soft skills les recommandations précédemment décrites sont à mettre en œuvre à partir d’un référentiel reconnu pour sa légitimité. Rien de plus certain dans ce domaine que la décision de l’armée américaine. La conférence de 1972 réunissant les experts respectifs du CONARC[10] pour la formation et ceux de l’HumRRO[11] pour l’organisation a engendré la définition initiale des soft skills comme étant « Compétences liées à l’emploi impliquant des actions affectant les relations humaines ». Cette décision a défini et uniformisé le contenu enseigné dans les cours en supprimant la notion de compétences générales[12] de la terminologie de l’ingénierie des systèmes de formation. La suite est exposée dans mes articles précédents, notamment ceux du 11 janvier 2024 qui traite du rapport entre le pouvoir et l’autorité : Le DRH, le pouvoir, l’autorité et les soft skills ! Le DRH, le pouvoir, l’autorité et les soft skills ! (adp.com) ; du 11 avril 2024 qui présente la modélisation des soft skills issue de mes travaux de recherche : Le DRH, les phrases, le modèle et les soft skills ! Le DRH, les phrases, le modèle et les soft skills ! (adp.com) ; et du 22 octobre 2024 qui présente l’apport de l’intelligence artificielle générative conversationnelle dans l’usage des soft skills : Le DRH, l'exosquelette, l'Intelligence artificielle générative et les soft skills Le DRH, l’exosquelette, l’intelligence artificielle générative et les soft skills !
L’usage des différentes sources d’information proposées dispense de la justification personnelle de la crédibilité des soft skills par leur origine et leurs sources documentées. Il reste à développer sa compétence personnelle pour bénéficier des vertus de l’art oratoire.
Conclusion
Après avoir pris connaissance de la maitrise des conditions de réussite pour faire autorité, je laisse à Confucius[13] le soin de vous rappeler l’essentiel « Être en position d'autorité ne signifie pas être obéi, mais être respecté » et le soin de conclure à Albert Camus[14]« Sans respect, l'autorité n'est qu'un pouvoir vide ».
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[1] Slogan utilisé dans les années 2000 par Maxwell House, marque commerciale de café soluble créée en 1892.
[2] Arthur Schopenhauer, 1788-1860, philosophe allemand.
[3] Hannah Arendt, née Johanna Arendt, 1906 – 1975, politologue, allemande naturalisée américaine.
[4] Max Weber, 1864 – 1920, sociologue allemand.
[5] René Descartes, 1596 – 1650, homme de sciences français.
[6] Livre de l’auteur P 130 https://www.va-editions.fr/savoir-convaincre-en-toutes-circonstances-c2x32018092
[7] Henri Bergson, 1859-1941, philosophe français.
[8] Sénèque, 4 av. J.-C. – 65 ap. J.-C., philosophe romain.
[9] Die Welt als Wille und Vorstellung, 1818.Brockhaus.
[10] Continental Army Command
[11]Human Ressouorces Research Organization
[12] U.S. Continental Army Command and U.S. Army Defense School, 1972
[13] Confucius, 551 av. J.-C. - 479 av. J.-C., philosophe chinois.
[14] Albert Camus, 1913 – 1960, homme de lettre français, prix Nobel de littérature 1957.