Pouvoir évoluer… ou partir : telle est la question
L’enquête annuelle « People at Work 2025 » a été réalisée par ADP Research auprès de presque 38 000 salariés dans le monde, de tous secteurs et tailles d’entreprises, dans 34 pays, dont 1 105 en France. Elle permet de dégager les tendances et les évolutions utiles à tous les professionnels de la fonction RH, en s’appuyant sur des données descriptives – bien que déclaratives – sur ce que sera demain le monde du travail. Les lignes de forces qui se dégagent cette année sont multiples ; nous nous intéressons aujourd’hui aux conséquences de l’absence d’opportunités d’évolution de carrière dans les entreprises.
Sans opportunités perçues, la fidélité et l’engagement sont fragiles
Les résultats de l’enquête font état d’une perception qui peut réellement poser problème et augmenter le turn over : l’affirmation d’un manque de perspective d’évolution est avérée pour 20 % des salariés français interrogés (19 % dans le monde). Et cela se traduit dans des conséquences importantes : 34 % des salariés qui peinent à trouver des opportunités d'évolution chez leur employeur actuel recherchent activement un nouvel emploi, contre 6 % seulement s’lls perçoivent des opportunités. Et 12 % des travailleurs français sont persuadés de devoir démissionner pour pouvoir progresser professionnellement.
« Les salariés d'aujourd'hui savent pertinemment ce que recouvre la notion d’évolution professionnelle, qu'il s'agisse d'accéder à un poste de manager, d'assumer de nouvelles responsabilités ou de développer leurs compétences. Cependant, lorsqu’ils ne perçoivent pas clairement les perspectives d’évolution qui s’offrent à eux au sein de leur entreprise, même les collaborateurs les plus engagés peuvent perdre leur motivation à progresser. » souligne Carlos Fontelas De Carvalho, Président d’ADP en France et en Europe centrale.
Sans compter que les travailleurs convaincus qu'ils doivent changer d'employeur pour progresser sont 2,6 fois moins susceptibles de se considérer comme "très productifs". Nela Richardson, cheffe économiste chez ADP, précise que « le manque de perspectives d’évolution au sein de l’entreprise ne se traduit pas seulement par un désengagement des collaborateurs, mais aussi par une perte de productivité, une capacité d'innovation moindre et un turnover plus élevé. »
Fidélisation rime avec performance
Et pourtant, affirme encore Nela Richardson, « les organisations qui conçoivent des parcours professionnels clairs et équitables ne se contentent pas de retenir les talents : elles permettent également aux collaborateurs de déployer pleinement leur potentiel ».
Parmi les trois premières causes de fidélisation des salariés, on trouve d’abord les opportunités d’évolution de carrière (45 %) ; puis la formation professionnelle et le développement des compétences (36 %) ; et enfin la flexibilité dans l’organisation du temps de travail (34 %). Même si en France la flexibilité des horaires se hisse à la première place.
Curieusement, ce n’est pas le manque de compétences que les salariés français ressentent comme un frein personnel à leur évolution, mais le manque de temps (13 %), l’absence d’envie de changer (13 %) et le manque de confiance en soi (11 %, contre seulement 8 % en Europe)
Laissons la conclusion à Carlos Fontelas De Carvalho : « Nous savions que la flexibilité avait une réelle valeur pour la rétention des salariés, tout comme le sentiment d’appartenance à une équipe ; l’étude indique également que les opportunités d’évolution de carrière occupent la deuxième position parmi les raisons pour lesquelles les collaborateurs français veulent rester avec leur employeur actuel. Les employeurs doivent donc veiller à rendre les opportunités d’évolution plus visibles et concrètes au sein de leur organisation ».
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