Nombreux sont ceux qui pensent que nos vies professionnelles comportent nécessairement une certaine dose de schizophrénie, tant elles nous imposent d’endosser des rôles et des personnages qui ne correspondent pas à nos désirs ni à nos projets. Et pour une large part, ce n’est pas faux ! D’où l’idée qu’il faut entrer en résistance ; ce qui ne signifie pas forcément se révolter, mais avoir dans l’idée qu’on peut adopter une autre stratégie personnelle que celle du chien crevé au fil de l’eau. Nous sommes « pris dans le système », comme on dit… d’accord, mais nous pouvons réagir nous-mêmes de manière ouverte et non fermée ! Nous pouvons réagir et générer nous aussi des contraintes qui vont adapter, au moins en partie, le système, à notre dimension. Je dis cela sans aucune allusion politique de circonstance…

Réseaux et collaboration

Nous pouvons, par exemple, tâcher de se construire un parcours professionnel dans lequel les différents métiers, fonctions et rôles que nous exercerons successivement nous permettront de capitaliser des compétences génériques et des expériences complémentaires. Par ailleurs, la variété des réseaux – avec les ressources du digital – que nous aurons ainsi l’opportunité de développer servira une approche plus globale et plus collaborative. Il faut ainsi développer sa capacité à assimiler des processus, c’est à dire à faire participer d’autres partenaires aux objectifs de son travail et réciproquement, de s’associer aux objectifs des autres, sur une palette professionnelle la plus large possible.

La primauté de l’équilibre

Gérer sa vie professionnelle, c’est gérer sa vie tout court ; et le strict rapport contribution/rétribution est à envisager désormais sur une dimension et dans une profondeur bien plus importantes que le traditionnel rapport travail/salaire. Pour le dire autrement, la question n’est plus : « qu’est-ce que je veux faire, et pour combien ? », mais : « quelle vie est-ce que je désire ? ». Et les exigences de cette « vie » pilotent des « passes » professionnelles multiples et variées. Il est ainsi opportun de maintenir une veille d’informations et d’interactions avec des milieux différents, des domaines variés et des horizons multiples.

Préparer une « autre vie »

Il devient en outre nécessaire, pour ne pas subir des systèmes de plus en plus déshumanisants, de développer, tout en assumant avec le maximum de succès notre emploi actuel, une perspective à long terme qui peut être très différente de la situation présente. C’est l’anticipation et la préparation concrète d’un choix de vie tout autre qui nous donne dans le moment actuel un recul et une marge de manœuvre authentique.

Ainsi, contrairement à la logique linéaire et à sens unique qui forge habituellement notre carrière et notre existence, c’est la préparation réfléchie et concrète d’une « autre vie », peut-être d’ailleurs très contraire à la présente sous certains aspects, qui nous permet de supporter nos choix actuels et de moins subir les environnements qui ont tendance à s’imposer.

Nous pouvons peut-être alors conjuguer travail et liberté.

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