Les pratiques managériales actuelles sont-elles un frein à l’innovation et à la croissance de l’entreprise ?

Dans mon article précédent « La fonction RH et les nouvelles technologies » j’explique que le monde selon Taylor n’est plus adapté aux exigences du marché et des réalités sociétales actuelles. Création, adaptabilité et innovation ne font pas partie d’un monde rigide régit par des processus et des organigrammes pyramidaux.

« Le taylorisme est une succession de missions multiples à brèves durées, sans lien entre elles... »
François Dupuy – Sociologue - Professeur à l'INSEAD

Naissance d’une Innovation

L’Innovation commence par une idée partagée et l'entreprise taylorienne n'encourage pas ce partage, voire l’étouffe.

L’entreprise a besoin d’innovations pour alimenter sa croissance interne et organique. Les entreprises traditionnelles qui ne parviennent pas à être innovantes ont recourt à des acquisitions externes pour assurer leur croissance.

Pour être leader ou «fast second» elles doivent innover et adopter une organisation agile. L’Innovation et l’agilité́ réclament des principes et des prérequis qui vont de pair avec la croissance. Ils ne sont pas un luxe mais doivent être une priorité pour les entreprises qui veulent croître dans un monde compétitif et incertain.

« L'organisation où les salariés sont libres vaincra toujours les concurrents traditionnels »
Isaac Getz - Professeur à l’ESCP et co-auteur de « Liberté & Cie »

L’entreprise Cellulaire

Pour faciliter l’Innovation, l’entreprise doit adopter une organisation plus agile qui devra faciliter les échanges entre les salariés de l’entreprise mais aussi avec son écosystème.

L’organisation cellulaire permet d’abolir les organisations en silos et hiérarchiques. Elle est fondée sur un ensemble de cellules reposant sur des ressources internes, organisées autour de centres d’expertise et de compétences en fonction des besoins de l’entreprise et de son marché.

Dans une entreprise cellulaire, les ressources seront regroupées en cellules et auront un degré plus ou moins important d’autonomie. Ces cellules pourront se regrouper avec d’autres, en fonction des besoins de l’entreprise, afin de former une cellule plus grande, dotée de davantage de connaissances et d’expertises; qu’elles soient individuelles ou regroupées, elles resteront connectées entre elles. Elles seront complémentaires et leurs maillages seront plus à même de répondre aux questions posées ou de résoudre les problèmes.

La densité sociale et la pression du groupe assureront une « gestion » autonome, qui détermineront leurs propres valeurs, leurs principes de gestion, leurs rapports, leurs rôles et leurs objectifs partagés et flexibles en fonction des besoins internes et externes de l’entreprise.

L’entreprise cellulaire devra être un équilibre entre la volonté de l’individu de contribuer au collectif… et l’intérêt collectif qui primera systématiquement sur l’intérêt individuel. Elle aura l’opportunité d’entrer dans une nouvelle ère sociale, afin : non seulement de rester compétitive dans un environnement changeant, mais aussi d’accroitre la satisfaction de ses collaborateurs en tenant compte de leurs attentes et habitudes. La cellule encouragera la rotation et la mobilité des collaborateurs, qui permettront une meilleure compréhension des processus de l’entreprise.

La coopération et la collaboration cellulaires seront au cœur de la civilisation numérique avec son lot d'opportunités. Il sera indispensable qu’elle s’adapte au monde numérique et misera davantage sur la confiance, la capacité à gérer le risque, l'empathie et la clarté des objectifs. Cela supposera de décentraliser et d'adapter le comportement du directeur et sa relation avec l’entreprise, mais aussi une abolition des silos, des murs et des portes closes. Pour y parvenir, il faudra non seulement que l’entreprise cellulaire se détourne du pouvoir de la hiérarchie, mais aussi qu’elle se concentre davantage sur la capacité à motiver et se diriger vers un monde ouvert où il faudra être crédible et transparent.

« Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts ! »
Isaac Newton

Quid des processus

Dans une entreprise cellulaire, les processus devront devenir « people-centric » pour avoir un sens, être compréhensibles, manœuvrables, pilotables et améliorables. Ils devront servir aussi bien l’individu que l’entreprise, mais en aucun cas l’inverse !

Le Lean management, Kaizen, et la méthode Agile sont de nouveaux moteurs que l’entreprise devra mettre en place et faire vivre pour assurer plus de fluidité, de réactivité qui contribueront à des gains de productivité.
Il ne faudra pas avoir peur de repenser et de remettre en cause les processus et les organisations et d’évacuer le sentiment d’avoir construit pour rien.

L’entreprise est morte, vive l’entreprise !

En adoptant une organisation Cellulaire, l’entreprise créera un terreau favorable à la culture de l’Innovation en favorisant le partage, la collaboration et la prise d’initiative individuelle et collective. La fonction RH ne serait-elle pas un des acteurs principaux de cette transformation, moteur de l’Innovation ?


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