Billet d’humeur

Bonjour chers amis DRH et chers professionnels des RH.

Dans ce billet d’humeur loin de moi l’idée de fustiger l’hypothétique manque de modernité de la fonction RH. Ce serait du « RH Bashing » aussi facile que stérile, aussi puéril qu’inutile.

Je ne voudrais surtout pas non plus ajouter ma pierre à cet édifice médiatique qui enfile régulièrement les poncifs sur notre métier, autrement plus complexe et divers que l’image grossière, schématique, partielle et subjective qu’on nous en projette.

Pourquoi les DRH doivent-ils être à la mode ?

Et d’abord quels sont les éléments qui pourraient expliquer qu’ils ne le sont éventuellement pas ?

Je vois quatre raisons

  1. La première est l’évidente nature du job : quand on est DRH, on se doit d’être discret. Les professionnels RH sont amenés à manier deux notions complémentaires : la vérité et la confidentialité. Pour moi, ce sont les deux faces d’une même pièce qu’on peut qualifier d’authenticité.

    Cette authenticité-là est bien étrangère à la superficialité de « la mode »

    D’ailleurs, la fonction RH applique à merveille la citation de Versace : "La véritable élégance consiste à ne pas se faire remarquer."
  1. Deuxième raison : le manque de Glamour supposé des activités RH. Une grande partie de l’activité est, il est vrai, encore centrée sur des tâches administratives comme la paie, la gestion des absences, de la maladie, des arrivées et des départs, l’administration du personnel, des contrats de travail, de la formation.

    Ce n’est pas très « In » pour reprendre un terme has been de boomer.
  1. Troisième raison : le manque de culture marketing de la fonction RH. En disant souvent « ça, c’est du marketing ! », les professionnels RH font du « Marketing Bashing » comme d’autres font du « RH Bashing ». C’est une autre forme de symétrie des attentions, d’éthique de la réciprocité négative.
    Chez les professionnels RH, il y a encore de très grosses confusions et approximations sur cette activité marketing[1]. On l’associe à de la manipulation, à du cosmétique, aux paillettes. « Tout ça, c’est l’écume des choses », nous nous sommes dans la vraie relation.

    Il est impossible d’être à la mode quand on n’a pas les codes et qu’on les rejette dans une sorte d’amalgame généralisant.
  1. Quatrième raison d’une fonction RH pas en vogue : les DRH sont les gardiens du temple des règles, des processus, des valeurs. À ce titre, ils ne sont pas dans le bon tempo, celui lié à la dictature de l’immédiateté, la tyrannie de l’instantanéité. Les DRH sont trop souvent à la remorque des tendances du monde contemporain. Ils ne font pas assez écho aux attentes des parties prenantes, des candidats passifs aux collaborateurs actifs, des juniors aux seniors, des générations de A à Z, des partenaires sociaux aux actionnaires, des non-cadres aux cadres non encadrants, des salariés à ménager et de ceux à manager, etc.
    Ce décalage n’est généralement pas de leur fait, mais de celui des entreprises.
    Quoiqu’il en soit, les DRH ne sont pas à la pointe de l’innovation, dans le vent de la société.

Malgré ces quatre raisons, je crois que les DRH se doivent d’être stylés, populaires et dans « le Move ».

Bien évidemment, ils se doivent de suivre les tendances, notamment celles impulsées par la technologie, il faut mieux s’en servir pour ne pas en être asservi.

Si la fonction RH se veut transformatrice des organisations, ce que je souhaite, elle doit elle-même se transformer et s’appuyer ou répondre aux différentes tendances qui sont à l’œuvre : environnementale, numérique, économique, démographique, sociale, sociétale.

Mais la tendance n’est pas uniquement une orientation.

Il y a une autre définition au mot « tendance » et c’est celle que je vous propose pour ce billet.

La tendance, c’est ce qui porte à être, à agir, à se comporter d'une certaine façon.

J’invite la fonction RH et tous les professionnels qui la portent avec passion, non pas uniquement à suivre les tendances, mais à être tendance.

C’est-à-dire ne pas seulement accompagner le changement, mais à le devancer. Penser le changer et non le panser.
L’impulser, le promouvoir, en être l’aiguillon, l’incarner, lui donner un visage humain, mais surtout un contenu humaniste.

Chers amis DRH, vous devez être à l’initiative, oser être vous-mêmes, avoir l’audace d’être vous. Car, comme le disait Coco Chanel : "La beauté commence au moment où vous décidez d'être vous-même."

Être audacieux, ce n’est pas simple. J’en conviens très bien[2].

C’est même risqué. Le risque est le propre de l’audace.

Elle éprouve la nature de votre volonté.

Or au sein de la fonction RH, on est plus « risquophobes » qu’ « innovatophiles », régulateurs a posteriori des processus que fashion Partner.

Si on souhaite quelque chose pour la fonction RH, quelque chose qui nous dépasse un peu individuellement, il faut agir, passer du discours aux actes.

Alors, chez amis, ayons le courage de l’audace, osons la mode, imprimons ensemble le style RH dans nos organisations.
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Ce texte est issu de l’émission « La Matinale de la Tech » proposée par Parlons RH lors de l’événement HR Technologies France, du 24 & 25 janvier 2024. Consulter l’émission dans sa globalité : https://www.parlonsrh.com/media/podcast-la-matinale-de-la-tech-par-parlons-rh-episode-1

[1]Marque employeur : halte aux confusions, RH Info

[2]Quand les DRH passeront du courage à l’audace, Focus RH, 08/06/2020

Tags: Mode RH Innovation